MG-France veut prendre au mot le ministre de la Santé sur la qualité des soins et de l'optimisation des dépenses ambulatoires. Le syndicat de médecins généralistes veut en effet faire reconnaître dans la loi les quelque « 5 000 » réseaux informels de soins de proximité, qu'il appelle « maisons de santé interprofessionnelles et libérales » (même si les praticiens concernés n'exercent pas nécessairement dans les mêmes murs), puisqu'ils constituent « l'une des réponses aux dysfonctionnements » de notre système de soins.
Ces « maisons de santé » recouvrent notamment les cabinets de groupe de médecins généralistes qui travaillent en relation permanente avec plusieurs partenaires, « en premier lieu, le pharmacien d'officine du quartier, en second, les biologistes, puis les infirmières et les rééducateurs - kinés, orthophonistes et orthoptistes », explique le Dr Pierre Costes, président de MG-France. Il regrette que les chirurgiens-dentistes soient actuellement peu associés aux réseaux de professionnels, la France ayant « la particularité » de « traiter à part » la santé bucco-dentaire.
En revanche, le syndicat de généralistes tient à souligner que son modèle de maison de santé se distingue à la fois des maisons médicales de garde (développées à son initiative dans une logique de permanence des soins) et des centres de santé qui ont signé une convention avec l'assurance-maladie en novembre 2002.
MG-France a entrepris de recenser, avec d'autres syndicats de professionnels de santé, toutes les « maisons de santé » afin de les « installer dans une fédération nationale ». Cette fédération, en cours de création, sera dotée d'un conseil scientifique et d'un conseil interprofessionnel où siégeront les syndicats de chaque profession de santé. Selon le Dr Costes, la nouvelle structure peut, par exemple, aider les maisons de santé « à structurer leur fonctionnement (horaires d'ouverture, organisation d'un service de portage de médicaments à domicile, soins palliatifs...), à passer des contrats avec des services d'aide à domicile de la commune, etc. ». Le président de MG-France voit dans les « maisons de santé » une solution à l'inégale répartition de l'offre de soins, de loin préférable à « la réquisition d'un généraliste ou à l'installation d'un médecin étranger dans les vallées reculées ».
Une fois recensées et représentées officiellement par une fédération nationale, les maisons de santé pourront surtout, selon MG-France, négocier les moyens de leur financement et améliorer leur « coopération fonctionnelle ». Pour le syndicat de généralistes, la méthode a déjà fait ses preuves en matière de permanence des soins, puisque sa « cartographie des 3 100 tours de garde » a permis l'instauration d'une indemnité d'astreinte de 50 euros l'an passé.
MG-France souhaite que les moyens de financement des « maisons de santé » tiennent compte de trois critères : « le lieu de l'installation », « la qualité de l'offre » (plages horaires d'ouverture, technicité, personnels), ainsi que « le niveau d'implication dans le système d'information globale », entre médecine de ville et hôpital.
Si les sources de financement des « maisons de santé » peuvent être « multiples » (impôt, CSG, dotations des collectivités locales ou territoriales), MG-France envisage, par souci de « simplicité », un partenaire unique pour négocier les contrats, par exemple les caisses primaires d'assurance-maladie.
Les médecins spécialistes auront-ils une place dans les « maisons de santé » prônées par MG-France ? Oui, s'ils se positionnent comme des experts, non pas de second recours, mais de première intention, à l'instar des gynécologues médicaux et des pédiatres.
Tout cela suppose la mise en place de nouveaux « modes d'emploi » du système de santé et des changements de comportements ; mais MG-France affirme miser « à fond sur la réforme » en cours, car elle est favorisée par l'option du gouvernement en faveur de la qualité, par « la baisse de la démographie des soignants » et par la responsabilisation des patients révélée par la nouvelle visite à domicile.
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