Cela fait des années que MG-France se veut à la pointe de la réflexion sur l'organisation et le fonctionnement de la permanence des soins, et manifestement, son président, le Dr Pierre Costes, n'entend pas perdre la main alors que s'ouvre une période cruciale pour la mise en place de la nouvelle organisation de cette permanence des soins.
Alors même que tous les CODAMU-Ps (comité départemental de l'aide médicale urgente et de la permanence des soins), désormais en charge de la question, ne se sont pas encore réunis, Pierre Costes demande une concertation entre les acteurs de la permanence des soins et ceux de l'aide médicale urgente.
« Dans les maisons médicales de garde (MMG), note-t-il, on observe de multiples remises en question de la notion de permanence 24 h/24 ; il ne se passe quasiment rien dans ces maisons médicales entre 23 heures le soir et 7 heures le matin ; il s'y pratique alors très peu d'actes. Dès lors, on peut se demander s'il est légitime de mobiliser les médecins libéraux pour des actes aussi peu nombreux et aussi isolés. »
Pierre Costes préconise donc une vaste concertation entre l'Aide médicale urgente et les médecins libéraux « pour voir comment tout ça peut s'articuler intelligemment et étudier des substitutions possibles à ces heures creuses ».
Par ailleurs, le président de MG-France demande la réactivation de la commission Descours, qui avait été chargée par Jean-François Mattei de lui remettre des propositions sur la mise en uvre de la permanence des soins : « Un certain nombre de dispositions ont été adoptées autour de cette future permanence des soins, mais que voit-on aujourd'hui ? On est en train de mettre en place un système vraiment peu attractif, pas valorisant, mal rémunéré, et on dit aux médecins libéraux que tout ça est basé sur le volontariat ; évidemment, sur ces bases-là, les volontaires ne vont pas être légion, et on va nous ressortir les contraintes, des soi-disant volontaires désignés par le Conseil de l'Ordre des médecins, voire les réquisitions. Il est grand temps de reposer le problème car, une fois la circulaire sur la permanence des soins publiée, on nous dira que le problème est réglé, que tout roule et que les médecins libéraux n'ont qu'à se débrouiller. »
S'agissant de cette future organisation, Pierre Costes a une autre inquiétude : « En matière de sectorisation, il est impératif que les CODAMU-PS reconnaissent l'existant, c'est-à-dire les schémas qui ont été mis en place de façon pragmatique et empirique par les médecins eux-mêmes, et qui doivent prévaloir. Les éventuels remembrements, s'ils ont lieu, ne pourront se faire que sur la base de ce qui existe déjà, sinon on risque d'assister à un effondrement du nombre de volontaires. »
Enfin, le Dr Pierre Costes s'inquiète de l'absence de moyens pour la mise en uvre de la permanence des soins : « Pourquoi les urgences en blouse blanche disposent-elles de moyens considérables, alors que les urgences libérales doivent se débrouiller avec les moyens du bord », demande-t-il ?
MGVA pour des rispostes en cas de réquisitions
MGVA (Médecine générale Vigilance et Action), le courant contestataire interne de MG-France, « est actuellement en négociations avec d'autre structures de médecins généralistes pour créer un observatoire de la permanence des soins, dont l'objet sera d'observer mais aussi d'organiser des ripostes en cas de réquisitions de médecins de garde », explique le président de ce courant, le Dr Claude Bronner.Pour lui, ce qui se joue aujourd'hui, c'est ni plus ni moins la définition du rôle, des moyens et du statut de la médecine générale dans la permanence des soins : « Une fois cette mission collective acceptée par la médecine générale, tout généraliste devra, volontaire ou non, faire en sorte que cela soit assumé. » Et MGVA de rappeler ses objectifs : pour l'association, la garde de nuit de 20 heures à 8 heures en ville comme en zone rurale ne peut être une mission obligatoire, même si « personne ne nie la nécessité d'un service médical de nuit, qui doit être structuré de façon spécifique avec les urgentistes libéraux ou publics ».
En conséquence, MGVA invite ses adhérents à « ne rien changer à ce qu'ils font actuellement localement et surtout à ne pas reprendre les gardes s'ils les ont arrêtées ».
« Inutile, conclut cette association , de se déclarer volontaire pour l'instant ou de demander une exemption, car il n'est même pas sûr que l'Ordre ait encore le pouvoir d'exempter. »
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