A chacun sa stratégie. Alors que l'Union nationale des omnipraticiens français (UNOF) fait observer par les médecins généralistes une grève des gardes de nuit depuis le 15 novembre afin d'obtenir une revalorisation des honoraires, l'autre principal syndicat de la profession, MG-France, décide de jouer le jeu de la négociation avec la Caisse nationale d'assurance-maladie (CNAM).
A plusieurs reprises, en effet, la ministre de l'Emploi et de la Solidarité, appelé à réagir à cette nouvelle revendication dans le domaine de la santé, a renvoyé la balle dans le camps des partenaires sociaux qui gèrent les caisses d'assurance-maladie. « Les négociations tarifaires avec les médecins libéraux relèvent de la CNAM », a-t-elle expliqué.
MG-France, seul syndicat signataire de la convention qui régit actuellement les relations entre les médecins généralistes et l'assurance-maladie, a pris Elisabeth Guigou au mot et demande à la CNAM l'ouverture en urgence de négociations sur ce point.
Car si le syndicat présidé par le Dr Pierre Costes ne s'est pas associé au mouvement de grève des gardes de nuit, il en partage les principaux motifs. « Même ceux qui n'y participent pas pour des raisons éthiques sont en grève dans leur tête. C'est une grève contre la vie de chien : les tarifs, mais aussi les conditions d'exercice, les déplacements pour rien, les horaires, les contraintes administratives des caisses de plus plus fortes, notamment pour la télétransmission, ils en ont ras-le-bol », commente le président de MG-France.
Les négociations devront porter sur deux points qui correspondent aux principales revendications actuelles des médecins généraliste. D'abord la revalorisation des tarifs. MG-France revendique le passage de la consultation à 18,5 euros dès le 1er janvier 2002 soit une augmentation d'un euro. La valeur de la consultation a perdu, selon lui, 4 % depuis 1998 par rapport au coût de la vie. « Ce que nous demandons représente donc un simple maintien du pouvoir d'achat par rapport à l'inflation », insiste-t-il. Mais il souhaite également qu'un éventuel accord conventionnel prévoie de lancer une réflexion sur l'évolution de la nomenclature des médecins généralistes, évolution qui pourrait aboutir, dès l'année prochaine, à des revalorisations complémentaires, en fonction du contenu de la consultation et du service médical rendu.
Télétransmission : pour un moratoire
Parmi les autres dossiers brûlants, MG-France demande un moratoire sur les évolutions techniques prévues pour la télétransmission des feuilles de soins, dont la première échéance, l'adaptation des logiciels au passage à l'euro, intervient dès le 1er janvier (« le Quotidien » du 26 novembre). Au moins 10 000 médecins ne seraient pas en mesure d'être prêts à temps. « Si on maintient cette date, la télétransmission va s'effondrer. Il faut absolument parvenir à s'entendre dans les 10 jours qui viennent », insiste le Dr Costes qui souhaite, au passage, revoir les conditions financières de l'aide à la télétransmission.
La Caisse nationale d'assurance-maladie ne serait pas hostile à un début immédiat des négociations. Dans une lettre datée du 16 novembre, son président, Jean-Marie Spaeth, se dit d'accord « pour tracer sans attendre (la réforme du système conventionnel) , les voies qui seront empruntées et arrêter les illustrations qui peuvent trouver une application rapide ». La CNAM reconnaît d'ailleurs que le moratoire demandé par MG-France pour la télétransmission « est à l'étude ».
Reste à savoir si le gouvernement, qui a le dernier mot dans ce domaine, donnerait son feu vert à une revalorisation d'honoraires. Le syndicat se donne jusqu'au 15 décembre pour aboutir. A cette date, affirme le Dr Costes, « notre assemblée générale prendra acte des résultats de la négociation et décidera de la suite à donner au mouvement ».
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