« Les généralistes en ont marre d’attendre ». En colère et offensif, le Dr Claude Leicher, président de MG France a résumé l’état d’esprit des médecins généralistes, ce mercredi, lors de la présentation des conclusions du dernier comité directeur de son syndicat.
Victimes de la dégradation de leurs conditions de travail, « harcelés » par les caisses primaires pour « délit statistique » (surprescription d’arrêts de travail ou de médicaments…) ou montrés du doigt pour une prescription excessive en non substituable… les généralistes tapent du point sur la table.
Revenus à la traîne
Le syndicat réclame davantage de considération des pouvoirs publics mais surtout davantage de moyens.
« Un médecin généraliste français gagne à peu près un tiers de ce que gagne un gatekeeper anglais, ou un généraliste allemand », assène le Dr Leicher.
Selon les comptes de la Santé rendus publics il y a quelques jours et cités par le président de MG France, les honoraires totaux des médecins généralistes ont augmenté de 541 millions d’euros pendant la durée de la précédente convention (2005 à 2010) quand, dans le même temps, la hausse s’élevait à 1 787 millions d’euros pour l’ensemble des autres spécialistes. « Il faut inverser la tendance et investir massivement sur la médecine générale en injectant 500 millions d’euros par an pendant 6 ans », clame le Dr Leicher.
« Nous devons donner les moyens à la profession d’organiser la politique territoriale du gouvernement », poursuit le généraliste qui rappelle que moins d’un médecin de famille sur trois dispose d’une secrétaire.
Médecin traitant dès la naissance et tiers payant généralisé
Au-delà de cet investissement financier, le syndicat plaide pour un renforcement de la place du généraliste dans le parcours de soins. MG France souhaite ainsi que tous les Français, y compris ceux de moins de 16 ans, disposent dès la naissance d’un médecin traitant, permettant aux praticiens de bénéficier du forfait annuel afférent de 40 euros.
Pour faciliter l’accès aux soins, le tiers payant doit être généralisé, ajoute l’organisation. Enfin, l’installation des jeunes femmes médecins doit être facilitée, ces dernières devant disposer d’une meilleure prise en charge de leurs congés maternité.
MG France réclame des arbitrages favorables pour la médecine générale dans le cadre du prochain projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS). « Les récents discours de Marisol Touraine ont été bien accueillis et ont créé un espoir. Aujourd’hui, il y a de l’impatience et nous attendons des mesures concrètes », affirme le Dr Leicher.
Le président de MG France s’est dit « scandalisé » par le projet de contrat d’accès aux soins présenté par l’assurance-maladie lors des négociations conventionnelles. « Ce contrat propose de réduire les charges des médecins de secteur II et donc d’augmenter leurs revenus tandis que leur taux de dépassement serait seulement gelé et que l’on rembourserait mieux les patients qui se rendraient chez ces praticiens ! Et on ne demande aucun effort en contrepartie, si ce n’est recevoir sans complément d’honoraires les patients bénéficiaires de l’ACS. On va bientôt donner une médaille aux "bons dépasseurs" qui demandent 80% ou 90% de compléments d’honoraires », s’étrangle le président de MG France.
« Et pendant ce temps-là, que fait-on pour le secteur I ? », interroge le chef de file des généralistes (la valorisation des actes aux tarifs opposables est programmée lors d’une prochaine séance, le 3 octobre, NDLR). Le syndicat rappelle qu’il souhaite aboutir à la « convergence entre les secteurs I et II ». « Il faut aller vers une baisse générale des dépassements d’honoraires et une hausse régulière des tarifs de secteur I en privilégiant la médecine générale et les praticiens des plateaux techniques lourds », conclut le Dr Leicher.
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