Même si le mouvement des généralistes a pris, pendant la période des fêtes, une « ampleur inattendue », MG-France a décidé de ne pas se joindre explicitement au mot d'ordre de grève des gardes de nuit et de week-ends lancé par l'UNOF, son principal rival syndical, avec le soutien du SML.
Le deuxième syndicat de généralistes propose aux médecins de famille une stratégie de protestation « moins frontale », et sans doute moins lisible, qui consiste à organiser au niveau local un « service minimum de la garde médicale », dénommé « SMi.G ». Dans la pratique, les médecins généralistes volontaires sont invités à se réunir dans chacun des quelque 3 100 secteurs de garde du territoire pour mettre en place les modalités concrètes de ce service minimum qui fonctionnera exclusivement avec des médecins réquisitionnés.
Par cette action syndicale inédite, MG-France entend faire comprendre aux pouvoirs publics et aux patients que « touten respectant la sécurité de la population », les généralistes sont « saturés de fatigue et de travail et lassés de la mauvaise utilisation de la garde médicale ».
Pour MG-Urgences, ce « service minimum » de garde sur réquisition préfigure ce que devra être la future organisation des gardes dans le cadre d'un système qui valorise la « mission de service public » effectuée par les généralistes. Il devrait s'agir, précise le Dr Leicher, d'un service de garde totalement « sécurisé et rénové » qui nécessiterait le regroupement géographique des secteurs de garde en zone rurale et péri-urbaine, la création de maisons médicales de garde, la mise à disposition du généraliste de garde d'une aide logistique, la mise en place de numéros d'appel uniques mais surtout la reconnaissance financière du rôle spécifique du généraliste dans l'organisation des gardes. MG-Urgences exige à cet égard que l'astreinte des généralistes soit rémunérée 263 euros pour vingt-quatre heures. MG-France s'adresse au gouvernement « pour les adaptations législatives et réglementaires nécessaires » et à la Caisse nationale d'assurance-maladie (CNAM) « pour ce qui concerne les tarifs ».
Le syndicat, qui exige toujours la revalorisation du C à hauteur de 18,5 euros, sera reçu au ministère et à la CNAM le 10 janvier (voir en page 3). Il a confirmé par ailleurs son appel à la grève de la télétransmission.
La stratégie médiane de MG-France (grève des gardes dans le cadre d'un service minimum) sera-t-elle comprise par des médecins exaspérés ? « C'est vrai qu'il y a un problème de lisibilité au moment où les médecins crient et où leur ras-le-bol explose », admet le Dr Leicher. « Mais, ajoute-t-il , le combat politicien de certains syndicats qui cherchent à peser sur l'élection présidentielle n'est pas satisfaisant ; notre stratégie s'inscrit dans le long terme. Il faut désormais repenser toute l'organisation des gardes et notre mouvement [le service minimum] vise à un non-retour en arrière. »
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