MG-FRANCE est décidément sur le « pied de guerre ». Deux jours après avoir annoncé dans une déclaration commune avec dix autres organisations hostiles à la convention médicale qu’il s’opposerait systématiquement à tous les avenants élaborés par l’assurance-maladie, la Csmf et le SML, le syndicat a décidé de «proclamer la médecine générale spécialité à part entière» au 1er janvier 2007.
MG-France envisage d’appeler les omnipraticiens à appliquer les tarifs des médecins spécialistes à compter de cette date. «Au terme de vingt ans de combat pour la reconnaissance de la médecine générale comme spécialité médicale chargée du premier recours, de la coordination des soins et de la synthèse, le temps est venu de passer outre les retards et autres atermoiements qui n’ont que trop duré», indique MG-France.
Xavier Bertrand s’est récemment prononcé en faveur de l’égalité tarifaire entre médecins généralistes et spécialistes. Il a indiqué son souhait de voir «l’assurance-maladie et les médecins trouver un accord avant le 31décembre 2007». Mais ces déclarations n’ont pas convaincu le Dr Pierre Costes, président de MG-France : «Quand on regarde à la lettre ce que dit le ministre de la Santé, les revalorisations se feront en échange de mesures comptables. Elles sont programmées en 2008 quand il ne sera probablement plus là; les stipulations pour autrui, ça suffit!»
Réuni le week-end dernier, le comité directeur de MG-France a décidé d’appliquer les mêmes tarifs que les médecins spécialistes à partir du 1er janvier 2007 «avec ou sans parution de l’arrêté devant inscrire la médecine générale comme discipline universitaire au sein du Conseil national des universités (CNU) , toujours annoncé à ce jour et non signé par les ministres concernés». Le syndicat estime que «sous le principe de l’équité, l’ensemble des nomenclatures spécialisées sera accessible à l’ensemble des médecins généralistes», qu’ils soient internes, futurs titulaires du diplôme d’études spécialisées (DES) de médecine générale avec les épreuves classantes nationales (ECN), résidents en fin de cursus ou praticiens qualifiés en médecine générale.
Des alliés surpris.
L’assemblée générale de MG-France, qui se réunira les 9 et 10 décembre, doit définir avec précision les modalités de cette proclamation «sur le plan de la nomenclature, des tarifs et de leur prise en charge par les organismes de Sécurité sociale, obligatoires ou complémentaires». «Nous tiendrons compte de la parution ou non de l’arrêté créant la filière universitaire de médecine générale et, le cas échéant, des dispositifs conventionnels qui auraient été élaborés d’ici là», poursuit le Dr Costes.
En déplacement à Cannes pour l’université d’été de la Csmf, Xavier Bertrand a estimé que l’appel de MG-France à appliquer les tarifs des spécialistes dès le 1er janvier 2007 ne serait «pas compris par les Français et pas suivi par les médecins». «Cela demanderait aux Français d’être moins bien remboursés», a ajouté le ministre de la Santé.
L’initiative de MG-France a pris de court jusqu’aux organisations avec lesquelles le syndicat s’est rapproché la semaine dernière. «Cette décision était implicitement contenue dans l’accord de jeudi dernier, mais MG-France aurait pu nous prévenir, commente le Dr Claude Bronner, président d’Espace Généraliste. C’est un peu de la stratégie syndica- lo-syndicaliste. C’est énervant comme méthode, mais je préfère sur le fond ce genre de prise de position de Pierre Costes à celle de Michel Chassang. » Le Dr Jean-Claude Régi souligne qu’il est «légitime d’aborder la question de l’alignement tarifaire des généralistes sur les spécialistes». «Il est néanmoins trop tôt pour dire si nous allons suivre ce mot d’ordre», confie le président de la Fédération des médecins de France (FMF).
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature