La signature par MG-France de l'accord du 24 janvier avec les caisses nationales d'assurance-maladie aura décidément laissé de profonds stigmates au sein même de ce syndicat.
Une grande réunion avant l'été
Les opposants internes à cet accord, qui le jugeaient trop « timoré », viennent d'annoncer la création d'un courant syndical structuré sous l'appellation « Vigilance et actions » (1).
A l'initiative du Dr Philippe Sopéna, ancien vice-président de MG-France et porte-parole de la contestation interne, une trentaine de syndicats départementaux, hostiles à la politique conduite par le bureau national et à celle de son président, le Dr Pierre Costes, auraient décidé, selon le Dr Sopéna, d'organiser plus formellement leur opposition.
Si les statuts du syndicat ne prévoient pas d'organisation en un courant, elle n'en interdit pas non plus l'existence. Ce courant syndical, une première dans l'histoire de l'organisation, qui parlait jusque-là d'une seule voix, n'a cependant pas l'intention de jouer les utilités. « C'est un courant syndical à vocation majoritaire, dont l'objectif est de changer la ligne de MG-France », précise d'emblée le Dr Sopéna. Une ligne qu'il juge « suicidaire ».
Les opposants à la direction de MG-France lui reprochent essentiellement d'être passée à côté d'un mouvement de protestation des médecins généralistes « unique dans sa durée et son intensité », et de s'être « enfermée dans un tête-à-tête mortel avec la Caisse nationale d'assurance-maladie ». « L'attitude choisie depuis six mois par le bureau national a non seulement atteint l'image externe du syndicat, mais aussi sa cohésion interne », estime l'ancien vice-président de MG-France.
A la logique de cogestion du système, choisie et défendue par le Dr Pierre Costes, ses opposants veulent substituer une autre voie : « Remettre MG-France dans le mouvement avec sa singularité, c'est-à-dire un syndicat ni suiviste ni opposant systématique, capable de défendre les médecins et de faire des propositions. »
La première action de ce courant syndical, une fois qu'il se sera compté, sera d'obtenir la convocation d'une grande réunion avant l'été pour faire le point sur l'évolution du syndicat et sur les résultats obtenus par sa direction depuis l'assemblée générale du 10 avril. Le Dr Philippe Sopéna rappelle, en effet que, à cette occasion, le syndicat avait adopté la revendication de faire évoluer le tarif des généralistes vers les 20 euros et s'était engagé à soutenir les médecins sanctionnés par les caisses pour avoir pratiqué des dépassements d'honoraires en appliquant le DE. Le président du syndicat, le Dr Pierre Costes, expliquait alors « que l'on peut très bien comprendre la transgression que constitue pour des généralistes la hausse sauvage des tarifs, dès lors qu'il s'agit d'un moyen de pression pour faire évoluer les textes conventionnels ».
Préserver la convention spécifique des généralistes
Or, toujours selon le Dr Sopéna, ces engagements n'auraient pas été remplis pour le moment. « Je regrette notamment qu'aucun membre du bureau national ne se soit déplacé aux manifestations de Valence et de Toulouse pour défendre, aux côtés des autres organisations, les médecins menacés de sanctions », ajoute-t-il.
Ce faisant, l'ancien vice-président de MG-France se défend de vouloir marcher sur les plates-bandes de l'UNOF, l'autre syndicat de médecins généralistes affilié à la CSMF. Il s'agit bien pour lui de défendre la spécificité de la convention des médecins généralistes et de certains de ses acquis, comme le médecin référent. Mais il redoute que la stratégie adoptée par la direction de son syndicat ne détourne les médecins généralistes de MG-France.
Dans un texte rédigé avant la dernière assemblée générale de MG-France, le Dr Sopéna avait déjà fait état de ses inquiétudes à ce sujet : « Nul ne sait encore si l'émergence des coordinations sera un feu de paille qui se limitera tout au plus à servir de vivier syndical à l'UNOF ou si, dans l'esprit de Rodez (où s'était tenue la réunion fondatrice de MG-France), la persistance d'un mouvement de contestation et l'arrivée d'une nouvelle génération de leaders locaux aboutiront à une redistribution durable du paysage syndical. Mais quoi qu'il en soit, nous avons perdu le contact avec toute une génération qui vient de découvrir l'action syndicale. »
(1) www.mgva.info
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