CONGRES HEBDO
Des études récentes ont montré au niveau des métastases osseuses que les ostéoclastes, activés par des facteurs de croissance, favorisent l'acidification du compartiment osseux, synthétisent et libèrent localement des médiateurs de la douleur et des neuromédiateurs, provoquant ainsi la stimulation douloureuse » - et cela même dans les tumeurs ostéocondensantes. C'est la raison pour laquelle les anti-inflammatoires peuvent soulager les douleurs des patients ayant des métastases osseuses. Ces données ont confirmé que la douleur des cancers métastatiques osseux n'est pas seulement liée à des lésions osseuses radiologiques (microfractures, fractures vraies) ou à une compression médullaire.
L'étude du processus métastatique indique l'existence d'interactions très importantes entre les cellules tumorales et les ostéoblastes et ostéoclastes. Par exemple, il est actuellement connu que les cellules tumorales du cancer de la prostate peuvent sécréter des facteurs de croissance. Leur libération stimule l'activité des ostéoclastes et des ostéoblastes dans des proportions variables. A l'inverse, ostéoblastes et ostéoclastes libèrent des facteurs de croissance qui favorisent la stimulation des cellules tumorales. Par ailleurs, toujours dans le cancer prostatique, les cellules tumorales ayant migré « reconnaissent » l'endothélium du tissu osseux, phénomène qui participe à leur développement métastatique.
L''ostéoprotégérine (OPG) est un facteur d'apoptose des ostéoclastes en cours d'investigation dans des essais cliniques de phases 1 et 2 dans l'ostéoporose. Son action sera prochainement évaluée en cancérologie sur la douleur et les phénomènes métastatiques.Produite par génie génétique, l'OPG a montré sa capacité à inhiber la maturation des ostéoclastes chez des femmes ménopausées ostéoporotiques, chez lesquelles elle a entraîné une réduction importante de la résorption osseuse.
L'ostéoprotégérine contre la douleur et la résorption
L'inhibition de l'activité ostéoclastique exerce un effet antalgique sur les pics douloureux liés aux métastases osseuses. D'autres travaux explorent les effets de l'OPG, vraisemblablement indirects, sur la croissance des cellules tumorales.
De plus, l'administration d'ostéoprotégérine chez les souris cancéreuses expérimentalement inverse la réorganisation des neurones médullaires observée lors des douleurs chroniques.
Le traitement médicamenteux de douleurs des métastases osseuses médicaments fait appel aux mêmes analgésiques opioïdes que ceux utilisés dans les autres algies rebelles. En complément, certaines stratégies ont une place de plus en plus importante, comme la radiothérapie, la vertébroplastie, la radiothérapie métabolique et l'administration de bisphosphonates.
La vertébroplastie est une technique percutanée d'injection d'un ciment chirurgical qui, en stabilisant la vertèbre métastatique, entraîne une rémission douloureuse.La radiothérapie métabolique est une voie de recherche très intéressante qui utilise notamment le Quadramet, un nouveau traitement antalgique des métastases osseuses récemment commercialisé. Complexe formé d'un phosphonate et d'un isotope, le Quadramet est injecté par voie IV. Le phosphonate se concentre fortement dans les zones de remaniement osseux élevé et le radio-élément produit un effet cytotoxique local. Les produits de radiothérapie métabolique évalués actuellement ont pour avantage d'être plus spécifiques et plus maniables. De plus, utilisés plus précocement que par le passé dans les stratégies thérapeutiques, ils sont plus efficaces.
Les bisphosphonates, agents « antirésorbants » semblent agir principalement par induction de l'apoptose des ostéoclastes (R. Baron, 2001, Médecine/Science 17 : 1260-1269).
Bisphosphonates antirésorbants et antitumoraux
L'effet bénéfique des bisphosphonates sur la diminution de la douleur et de l'incidence des événements osseux dans les métastases osseuses avérées des cancers du sein et lors du myélome est largement confirmée à ce jour. Cependant, leur utilisation à titre préventif, avant le développement des métastases osseuses du cancer du sein, reste débattu, les essais donnant des résultats contradictoires.Les bisphosphonates ont montré une action antalgique favorable également dans le cas de métastases ostéocondensantes du cancer de la prostate.
D'après un entretien avec le Dr Mario Di Palma, Institut Gustave-Roussy (Villejuif).
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