Pas plus tard que la semaine dernière, les étudiants en stage chez le praticien ont été convoqués, durant plusieurs jours, au service du contrôle médical de la Sécurité Sociale.
Le médecin chef les a accueilli à leur arrivée pour développer les différents points que la CNAM souhaite développer.
Il semblerait qu’au décours de cette rencontre, notre confrère ait parlé des problèmes inhérents à la prévention au sein de notre département.
Mauvais élèves
Ainsi, nous sommes de mauvais élèves (ce que je crois tout à fait), et qu’il serait simple durant une consultation de démarcher nos patients pour aller dans ce sens.
Un étudiant aurait pris la parole, et aurait expliqué qu’il était difficile, par manque de temps, de prolonger les consultations pour parler de prévention. C’est alors que le médecin chef aurait, avec un certain agacement, expliqué qu’avec une consultation à 23€, les généralistes étaient déjà grassement payés.
Par la suite, il aurait insisté sur l’objectif de 75% de personnes de plus de 65 ans qui devaient être vaccinés de la grippe.Une nouvelle fois, un autre étudiant aurait répondu, qu’il était difficile de voir toutes les personnes de plus de 65 ans ; certaines ne consultant que très rarement les cabinets médicaux.
Le médecin chef aurait alors ajouté que les plus de 65 ans étaient des gros consommateurs de soins, et que le médecin devait établir un listing (avec le programme informatique de son cabinet) pour déterminer ceux qui nécessitaient un contact téléphonique.
A contrario, il aurait parlé du succès de Sophia qui avait été adopté par 23% des diabétiques du département ; le pourcentage de succès n’est pas la hauteur de celui demandé aux généralistes pour vacciner….
Il aurait expliqué également son cursus professionnel. Après avoir effectué une installation réfléchie porte d’Espagne (car lui aurait permis de gagner très bien sa vie), il a pu constater le développement de ce quartier de Perpignan.
En revanche, il n’aurait pas expliqué les raisons de ce départ.
Il semblerait que cette rencontre ait beaucoup contrarié les étudiants, très remontés contre notre collègue.
Au nom de l’ensemble des Maîtres de stages, je veux apporter quelques précisions sur la médecine libérale que je souhaite (tout comme vous d’ailleurs) promotionner.
Partager une passion
Le choix de participer à la formation des étudiants découle pour l’ensemble des MSU d’une volonté de partager une passion.
Bien entendu, notre vie n’est pas un fleuve tranquille, et nous sommes confrontés de plus en plus aux réflexions des patients, les propos parfois désobligeants des dirigeants des Caisses, mais aussi du poids des documents administratifs à remplir.
En parallèle, nous assurons un quotidien ponctué de craintes (peur d’être passé à côté d’un diagnostic), mais aussi de partage de compétences dans le domaine de la prévention où nous travaillons avec les infirmières (élément que le médecin chef ne connaît pas forcément).
Il est sûr que nous ne comptons pas nos heures (plus de 70/semaine pour la plupart), et sacrifions souvent notre vie familiale au profit de nos patients.
Un véritable sacerdoce
Le travail d’un généraliste est un véritable sacerdoce et il est inconcevable de reprocher aux médecins de ne pas être des humanistes. A ce sujet, j’avais demandé aux médecins du contrôle médical (qui travaillent 35heures/semaines) de me seconder pour soigner les SDF. Aucun n’a répondu favorablement !
L’ensemble de ces éléments permettent d’expliquer les raisons pour lesquelles la catégorie socioprofessionnelle la plus touchée par le suicide et le burn out, c’est la nôtre.
D’ailleurs un jeune collègue passé de l’autre côté de la barre (c'est-à-dire au contrôle médical), aurait expliqué qu’il était heureux de changer de travail car il pouvait avoir un salaire très convenable avec le 13e et 14e mois, et de ce fait fréquentait régulièrement Disneyland avec ses enfants.
D’ailleurs, il semblerait (ce qui a été expliqué la semaine dernière) que les modalités pour être médecin à la Sécurité Sociale auraient changées (il ne serait plus nécessaire d’avoir passé sa thèse, ni d’avoir effectué des remplacements).
Conscient de l’intérêt de cet échange avec la Sécurité Sociale, car c’est grâce à l’adoption de certains comportement que nous pourrons sauver notre système social, il ne faut pas non plus cracher sur la cheville ouvrière de notre système de santé : les médecins généralistes.
Ce ne sont pas des professionnels avides d’argent (près de 20% de mes consultations ne me sont pas payées), et ils restent très confraternels.
Aussi, je pense qu’il est important de questionner les internes pour connaître la véracité de mes propos.
Si ces derniers se révèlent justes, il est fondamental pour sauver l’honneur des Maîtres de Stages :
- de changer d’interlocuteur pour effectuer ces échanges ;
- de demander la présence d’un Maître de Stage lors de ces rencontres.
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