Antiquités
Vous avez dit bizarre ? C'est le nom d'un décor insolite mélangeant grappes, grenades, liliacées et végétaux imaginaires sur des soieries du début du XVIIIe siècle qui sont parmi les plus anciens documents de cette nouvelle vente de tissus historiques.
Dans ce domaine, ancien ne veut pas dire hors de prix et ces panneaux tricentenaires de dimensions pourtant respectable (environ 100 x 50 cm) mais dans des camaïeux bruns un peu tristounets ne devraient pas dépasser 400 à 2 000 euros. Il en va différemment d'un autre « bizarre » présenté en vedette de la dernière vacation, à décor de ficaires, grenades et ancolies, sur un fond cramoisi beaucoup plus joyeux et surtout dans un état quasi neuf puisqu'il s'agit d'un échantillon tissé à Tolède vers 1710 et proposé entre 3 000 et 5 000 euros.
On a aussi plus ancien en rayon, beaucoup plus même, des velours façonnés italiens du XVe-XVIe siècles comme on en voit sur les peintures de l'époque. Pas très spectaculaires quand ils sont dans les tons bruns ou vert olive, infiniment plus séduisants s'agissant de semis de fleurettes ou de petits motifs à fond saumon ou cramoisi rehaussé de fils d'or. De toute façon jamais très chers (500 à 1 000 euros le petit panneau) pour des documents fragiles, par définition inutilisables et qu'il ne faut surtout pas exposer à la lumière. Ils intéressent surtout les musées et les décorateurs. On peut aussi les trouver en copies, ou en interprétations, comme en ont faites, au siècle dernier, les adeptes du néo-gothique.
Soiries d'expositions
Une des pièces les plus remarquées de la vente est un coupon pas très grand (60 x 57) décoré sur un dessin de Viollet le Duc, de lions héraldiques violets en médaillons, sur fond argent. Ce lampas, tissé par Lemire à Lyon, fit sensation à l'Exposition universelle de 1855 où il était présenté sous forme de chasuble. Le rare échantillon proposé est estimé 1 000/2 000 euros.
Le catalogue de la vente précise que ces soieries d'expositions, tissées à grand frais pour attirer l'attention et les récompenses des jurys internationaux, n'étaient pas toujours commercialisées, car trop coûteuses, ou trop originales. D'où leur insigne rareté. C'est le cas d'un lampas de style Louis XV, à décor de rocailles et saltimbanques sur fond cramoisi, tissé à Lyon pour l'Expo universelle de 1889 et dont ce grand coupon (200 x 75 cm) est peut-être le seul témoignage, ce qui explique son estimation de 3 000/5 000 euros.
On attend toutefois un peu plus cher (4 000/6 000 euros) d'un panneau de velours ciselé décor Bérain vert bronze sur fond vieil or exécuté en 1873 pour l'invraisemblable hôtel de la célèbre Païva, qui se dresse toujours sur les Champs Elysées.
D'exposition en vente aux enchères, de soieries en toiles de Jouy, l'art textile ancien n'en finit pas de nous émerveiller. Cette vente de 600 lots présentés sur deux jours en quatre vacations n'est que la première partie d'une collection d'environ 5 000 pièces.
Fermée après la mort de son ancien propriétaire en 1999, la maison Hamot, rue de Richelieu, était depuis le milieu du XIXe siècle, l'héritière d'une manufacture fondée en 1762. Comme plusieurs autres, elle était à la tête d'un patrimoine d'archives, d'échantillons, de références, que ses propriétaires avaient enrichis d'apports extérieurs. Certaines étoffes historiques figurent en retissages à l'identique, sur métiers à bras traditionnels. En matière de documents, les registres de dessins, maquettes et échantillons ne manqueront pas d'intéresser eux aussi les pros de l'art textile
Mardi 29 et mercredi 30 avril, 11 h et 14 h 30, Hôtel Drouot, salle 5-6, SARL Coutau-Bégarie.
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