AU PLAN MONDIAL, le chiffre d'affaires consolidé du groupe Merck est en baisse de 2,7 % et, si la pharmacie est globalement en hausse de 4,8 %, ce résultat est essentiellement lié aux génériques (+ 13 %) et dans une moindre mesure à l'automédication (+ 4 %), alors que le chiffre d'affaires des médicaments prescrits est stable.
En France, les activités Santé sont scindées en trois entités : Merck Generics, Merck Médication familiale et Merck SA qui regroupe Théramex, Merck Lipha Santé et une branche export.
Pour l'ensemble de Merck SA, le chiffre d'affaires de 2003 est en augmentation de 2 %, pour s'établir à 648 millions d'euros. Au sein de cette entité, Merck Lipha Santé a connu une croissance de 4 %, essentiellement grâce à la diabétologie-endocrinologie (gamme Glucophage et forte croissance de Lévothyrox). Les autres secteurs connaissant des croissances beaucoup plus faibles, voire une petite décroissance pour la dermatologie.
L'activité Export de Merck Santé progresse de 4 % grâce aux ventes de la medformine par BMS sur le marché américain (52 % du chiffre d'affaires de 240 millions d'euros sont réalisés outre-Atlantique).
En revanche, Théramex connaît une année difficile influencée par la forte décroissance du marché du THS. Ce qui est dur quand on se veut « le laboratoire de la femme ». Pourtant, le Laboratoire Théramex a mieux résisté que d'autres, avec une part de marché qui atteint aujourd'hui près de 24 %, contre 22 % en 2002. De plus, le laboratoire a pris différentes initiatives pour compléter son offre et, au niveau de la recherche, s'oriente résolument vers le marché de la contraception.
Les aléas de la R&D.
Mais les malheurs du THS se sont ajoutés au niveau mondial à un revers de fortune peu commun : en effet, 2003 a été marqué par l'arrêt du développement clinique de quatre molécules destinées au traitement du diabète, alors que cette pathologie représente, avec l'oncologie, l'un des deux axes stratégiques de la R&D Merck. Une telle perte, souligne Elmar Schnee, président de Merck Santé, est un fait exceptionnel dans la pharmacie. Mais le laboratoire a des raisons d'espérer, avec deux molécules sur le diabète en cours de développement, l'une appartenant à la famille des tétrahydrotriazines et l'autre étant un activateur des Ppar alpha et gamma. Si tout va bien, ces molécules arriveront sur le marché en 2010 ou 2011...
Et d'autres ennuis.
Les problèmes du THS et les aléas de la R&D ne sont pas les seuls auxquels est confrontée la direction de Merck. Il faut en effet compter avec la perte d'exclusivité de Glucophage aux Etats-Unis, sans parler des mesures gouvernementales qui, pas seulement en France, réduisent de façon drastique les marges des laboratoires pharmaceutiques (baisse des prix, déremboursements, fort développement des génériques, augmentation importante de la taxe sur la promotion).
Partant de ce constat, la direction de Merck devait réagir pour « assurer la pérennité des activités du laboratoire » qui, au passage, réaffirme sa volonté de rester indépendant. Cette réorganisation concerne deux domaines : la production « pharmacie éthique », où l'outil de production est fragmenté géographiquement, avec une surcapacité importante et la R&D préclinique qui, elle aussi, est fragmentée.
Une réorganisation qui aura des implications importantes en France puisque le projet de la direction concentrera la production sur deux sites : Darmstadt, et Semoy, près d'Orléans. Le site de Lyon Lacassagne sera fermé.
En ce qui concerne la R&D préclinique, elle sera regroupée en Allemagne et, pour la France, sur le site de Chilly-Mazarin. Là encore, c'est le site lyonnais (Lacassagne) et ses sites périphériques qui seront fermés.
Au total, quelque trois cents emplois sont concernés par cette réorganisation, tous dans la région lyonnaise. Parallèlement, le comité de direction s'engage à créer des emplois sur le site de Semoy et de Chilly-Mazarin, sans pour l'instant donner de chiffre.
En conclusion, Elmar Schnee insiste sur le fait que Merck conservera les activités globales sur le territoire français : le site de Chilly-Mazarin restera le pôle principal du groupe pour la R&D préclinique diabète et complications et le site de Semoy confirmera sa place de deuxième pôle européen de production éthique du groupe.
Autrement dit, les mesures annoncées ne doivent pas être perçues comme les prémices d'un retrait de Merck de notre territoire mais plutôt comme l'engagement d'aider Merck Santé, la filiale française, à surmonter ses difficultés et à retrouver un nouvel élan.
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