Ménopause : le THS à la française marque des points

Publié le 20/09/2001
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En effet, rappelle le Dr Bruno de Lignières, c'est en 1971 que dans le service de l'hôpital Necker, alors dirigé par le Pr Pierre Mauvais-Jarvis, qu'est née l'approche française du THS : jusque-là, la médecine américaine préconisait l'estrogénothérapie par voie orale, qui permettait, selon les auteurs américains, de réduire le taux de cholestérol. Les spécialistes français, sans nier ce bénéfice, ont émis une hypothèse inverse : les effets pharmacologiques liés au premier passage hépatique ne sont pas majoritairement favorables pour le métabolisme des lipides, tendant également à perturber l'hémostase. Partant de là, ils ont demandé à l'industrie pharmaceutique une formulation d'estradiol administrable en percutané. A l'époque, souligne le Dr de Lignières, les Laboratoires Besins ont été les seuls à répondre à cette demande, ce qui a conduit, en 1974, à l'obtention d'une AMM pour le gel d'estradiol.

Plusieurs enquêtes d'observation

Pendant plusieurs années, l'approche américaine a été favorisée, d'une part, par des données de laboratoire (l'augmentation du HDL et la diminution du LDL sont plus rapides après administration orale d'estrogel per os) et par des résultats de plusieurs enquêtes d'observation, dont la Nurses Health Study, décrivant une importante réduction du risque coronarien.
Cependant, observait le Dr de Lignières, plusieurs données sont venues progressivement inverser la tendance : tout d'abord sur le plan biologique, on a constaté que l'augmentation du HDL s'accompagnait de celle des triglycérides et à la baisse de la taille des LDL, ce qui les rend plus athérogènes. En outre, on a montré que la prise orale d'estrogènes favorisait l'activation de la coagulation. Mais, bien sûr, c'est l'arrivée de plusieurs essais cliniques remettant en cause les conclusions de la Nurses Health Study qui ont été, aux yeux du Dr de Lignières, déterminants ; et l'enquête de Framingham et, plus récemment, de la HERS Study, les études ERA, WEST, WHI, sont venues confirmer les inquiétudes des Français. Même si, reconnaît le Dr de Lignières, aucune étude clinique d'envergure ne permet d'affirmer que la voie percutanée est supérieure en termes de protection cardio-vasculaire, un nombre croissant de médecins, notamment scandinaves, canadiens et même américains, optent aujourd'hui pour l'administration transdermique de 17 bêta-estradiol, plusieurs firmes internationales proposant aujourd'hui des patches transdermiques.
En ce qui concerne les progestatifs, ceux-ci n'étaient que peu utilisés aux Etats-Unis, d'autant qu'une forte proportion d'Américaines arrivaient à la ménopause sans utérus. En outre, les auteurs américains optaient pour des progestatifs de synthèse auxquels ils demandaient essentiellement un effet antiprolifératif sur l'utérus. De leur côté, les auteurs français ont mis en évidence la supériorité de la progestérone naturelle micronisée, celle-ci devant être confirmée par la vaste étude américaine PEPI. A ce niveau aussi, insiste le Dr de Lignières, les Laboratoires Besins ont joué un rôle moteur.
Le partenariat des Laboratoires Besins avec la gynécologie française explique cette grande réactivité face aux demandes formulées par les spécialistes et les risques industriels pris à ces occasions.
Ce partenariat, comme l'a expliqué le Dr David Serfaty, a revêtu des formes multiples : en particulier, la réalisation, avec les collèges régionaux de gynécologie médicale, des études prospectives sur l'observance au THS, l'étude COMET ayant porté sur plus de 9 000 femmes ménopausées.

Le partenariat de Besins avec la gynécologie française

Le Dr Serfaty cite également la création d'ateliers de réflexion multidisciplinaire en gynécologie et la réalisation de nombreux outils de formation et d'information. Il faut souligner que ce partenariat avec la gynécologie française n'a pas conduit Besins à oublier les généralistes. Un large programme de formation réalisé avec l'UNAFORMEC leur étant destiné.
Comme l'a rappelé le Dr Christelle Bobinet, directrice des opérations des Laboratoires Besins International, le laboratoire restera fidèle à cette philosophie d'entreprise, ce qui passe par une internationalisation, afin d'implanter les produits français dans les pays difficiles mais déterminants au plan économique, à commencer par les Etats-Unis et le Japon.

International pour rester français

Besins International reste et restera indépendant en développant sa présence en hormonologie et en gynécologie. Christelle Bobinet rappelle que, cinquantième laboratoire français (quatrième en gynécologie), Besins International a les moyens de renforcer sa place en hormonologie, gynécologie et andrologie. Il s'agit tout d'abord de renforcer l'implantation mondiale du gel (estrogel conditionné en flacon doseur sous le nom d'Oestrodose), d'Utrogestan et de Thaïs, patch hebdomadaire de 17 bêta-estradiol.
Par ailleurs, des partenariats divers ont été conclus avec des firmes internationales comme Shisheido et Solvay, ce dernier ayant mis à la disposition des médecins américains la progestérone naturelle de Besins International. En outre, le laboratoire de recherche Unimed a développé des travaux cliniques sur le gel de testostérone, ayant permis sa commercialisation aux Etats-Unis. Ces quelques exemples, conclut C. Bobinet, illustrent la stratégie internationale de Besins, stratégie qui ne conduira pas le laboratoire à s'écarter de sa tradition de petit laboratoire français disposant de produits innovants et tissant des partenariats forts avec le monde médical.

Dr Alain MARIE

Source : lequotidiendumedecin.fr: 6972