Le Royaume-Uni a été le premier à introduire la vaccination de masse contre le méningocoque du groupe C, par vaccin conjugué. Les conclusions de l'année inaugurale peuvent donc être considérées comme celle d'une expérience enrichissante. Les chiffres publiés dans le « Lancet » sous la plume de Martin CJ Maiden et James M. Stuart au nom de « The UK Meningococcal Carriage Group » sont essentiellement destinés, au départ, à répondre à deux interrogations de ce groupe : la campagne d'immunisation de masse peut, elle, conduire à une immunité de masse ? Cette campagne peut-elle intervenir sur la structure de la population des méningocoques en majorant la dissémination de variants résistants associés à la maladie, essentiellement ceux du complexe ET-37 (responsables de formes sévères) ?
L'enquête n'apporte que des éléments de réponse à ces questions. Il est encore trop tôt.
Au cours de la campagne d'un an, commencée en novembre 1999, le vaccin a été proposé à 14 millions de jeunes de moins de 18 ans. Au bout d'un an, 70 % d'entre eux étaient vaccinés. L'incidence de la maladie a rapidement décru au sein de la population immunisée, sans changer chez les autres. L'efficacité vaccinale a été estimée à 88 % chez les 12-30 mois et à 96 % chez les 15-17 ans. Plusieurs dizaines de milliers de prélèvements de oropharyngés ont été analysés au cours de 1999 (n = 14064) et 2000 (n = 16583). Entre ces deux années, la seule différence notée dans les sérogroupes a été une réduction du nombre de méningocoques exprimant le polysaccharide du groupe C. La proportion de sujets porteurs de ce sérotype s'est abaissée en moyenne de 66 % et la proportion de méningocoques exprimant le polysaccharide du groupe C de 69 %. Le taux de portage du sérotype C était de 0,127 % chez les personnes vaccinées contre 0,342 chez les non-vaccinés. Ce qui confère au vaccin une protection contre le portage de 63 %.
Une immunité muqueuse
Les auteurs interprètent ces résultats comme la conséquence d'une immunité muqueuse, induite par le vaccin, suffisante pour inhiber le portage due méningocoque C. Mais, et c'est en cela que l'étude ne peut répondre complètement à ses questions, un suivi est indispensable sur plus d'un an pour s'assurer de la persistance de cet effet. La durée de l'immunisation face au portage est importante dans l'évaluation du niveau de couverture vaccinale nécessaire pour protéger la population non vaccinée. Cette durée permettra aussi de définir les stratégies vaccinales visant une immunisation de masse. Une réduction soutenue du portage du sérogroupe C peut aussi modifier le niveau d'immunité générale contre le méningocoque C en réduisant les chances d'une relance grâce au portage.
Quant à la seconde question du début, concernant les variants mutés, la réponse reposera sur une caractérisation génétique des méningocoques collectés. Cette analyse permettra d'établir si les méningocoques C hyperinvasifs, notamment ceux du complexe ET-37, sont remplacés par des souches virulentes ou des variants échappés du vaccin et si la proportion de méningocoques codant les gènes de capsule du sérogroupe C augmente au sein des isolats non groupables.
« Lancet », vol. 359, 25 mai 2002, pp. 1829-1830.
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