Lorsqu’un patient de retour de voyage vient consulter – en particulier en cas de fièvre – c'est le plus souvent l'anamnèse qui oriente l'étiologie. Il est important de connaître les dates et lieux du voyage, les mesures préventives réellement appliquées (vaccination, prévention du paludisme, hygiène alimentaire...), les risques pris sur place (contacts avec l’eau douce, avec des sols humides, contacts avec des animaux, rapports sexuels non protégés, aliments particuliers ingérés...) et la chronologie des symptômes.
En effet, les causes de la fièvre varient en fonction de la zone géographique et des conditions du voyage. C'est grâce à la connaissance des risques pris sur place que certains diagnostics peuvent être posés. « Ainsi, dans le cas d'une bilharziose aiguë, pour laquelle un patient vient consulter précocement à cause d'une fièvre, l'examen biologique sera négatif (les éosinophiles étant en augmentation progressive), il n'y aura pas d'œufs dans les selles ou dans les urines et seul l'interrogatoire révélant une baignade dans des zones à risque permet d'établir le diagnostic », expose le Dr Consigny.
Un délai d’importance
La notion de délai d'incubation est un élément à prendre en compte. Ce délai peut aider au diagnostic, d’autant plus qu’il est souvent très variable en fonction de la pathologie : ainsi, des diarrhées infectieuses se déclarent en quelques jours, alors qu’un paludisme non à Plasmodium falciparum peut survenir parfois des années après le retour.
En général, le délai est d'environ une semaine pour une arbovirose, d'une à deux semaines pour une fièvre typhoïde, de 7 jours à 2 mois pour un paludisme Plasmodium falciparum avec un pic à 11-12 jours et de quelques semaines pour une hépatite virale de même que pour une primo-infection au VIH. Le délai d’apparition permet également d’écarter certains diagnostics : un accès palustre ne peut survenir moins de 7 jours après exposition et une arbovirose, très généralement, pas après 15 jours... Par ailleurs, si la plupart des troubles apparaissent dans les 15 jours suivant le retour, « certaines pathologies pouvant ne s'exprimer que plusieurs semaines, mois, voire années après, il faut rechercher la notion de voyage, même très longtemps après », souligne le Pr Sophie Matheron (hôpital Bichat, Paris).
Examen physique et bilan biologique
Ensuite, comme face à tout syndrome infectieux, il importe de mesurer la pression artérielle, la fréquence cardiaque, la fréquence respiratoire, etc. Les données de l'examen clinique peuvent aussi orienter le diagnostic: un examen dermatologique révélant des escarres noirâtres (ou croûtes) chez un voyageur de retour d'Afrique du Sud incite à penser à une rickettsiose, ou un exanthème scarlatiniforme à une arbovirose.
La recherche d’une hépatomégalie, d’une splénomégalie et d’adénopathies doit aussi être particulièrement soigneuse (signes de typhoïde, tuberculose, leptospirose...).
En cas d’urgence, un bilan biologique systématique doit être effectué (NFS, CRP, bilan hépatique, hémo-
culture, bandelette urinaire, frottis sanguin et goutte épaisse en cas de suspicion de paludisme). Enfin, une fois la pathologie du retour diagnostiquée, son suivi dépend de la gravité initiale. Une consultation semble toujours nécessaire pour vérifier la guérison et donner des conseils pour un voyage ultérieur.
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