QUI EST le patron à l'hôpital ? Qui nomme les médecins et les directeurs ? Comment rémunère-t-on les médecins ? S'il faut créer des établissements de territoire, quel schéma retenir ? Où former les étudiants en médecine ? Et que faire pour éviter un risque de rupture de la continuité des soins, si des groupes privés ayant par endroit le monopole de l'offre décident de vendre toutes leurs cliniques d'un coup ?
A en croire diverses sources, la commission Larcher n'a tranché aucun de ces points « chauds » (« le Quotidien » du 14 février). Les syndicats, les institutionnels, les élus s'activent pour faire entendre leurs voix, souvent divergentes. Un second round de concertation, officieux cette fois, débute ces jours-ci.
Tournée des régions.
Gérard Larcher est censé remettre son rapport définitif à Nicolas Sarkozy début avril. Auparavant, il se rendra en région avec les membres de sa mission pour soumettre son « prérapport » à concertation auprès d'hospitaliers et d'usagers (Lorraine le 17 mars, Pays-de-Loire le 18 mars, Basse-Normandie le 20 mars, Aquitaine le 21 mars, Nord - Pas-de-Calais le 25 mars, Languedoc-Roussillon le 31 mars).
Dans l'entourage de la ministre de la Santé, on insiste sur le fait que rien n'est encore arbitré. Une sorte de prérapport circule néanmoins, qui retient des pistes et formule des propositions. Roselyne Bachelot a reçu Gérard Larcher pour lui donner quelques éléments de cadrage. La question du secteur privé à l'hôpital, abordée, n'a pas trouvé de réponse. Egalement évoquée, la piste d'une contractualisation entre médecins et hôpitaux publics a retenu l'attention de la ministre, qui voit là un moyen de concurrencer le privé et d'attirer les médecins en zone déficitaire.
Inimaginable néanmoins de mettre fin au statut des praticiens hospitaliers (PH), au risque de mettre les hôpitaux à feu et à sang. Coexisteraient alors deux catégories de médecins à l'hôpital, ceux conservant le statut de PH et ceux recrutés localement par un contrat offrant des revenus plus attrayants. Conscients de marcher sur des oeufs, Roselyne Bachelot et Gérard Larcher veulent éviter le faux pas qui jetterait les PH dans la rue. «C'est une piste intéressante, mais cela n'est absolument pas décidé. Place à la concertation en région», indique le ministère, prudent.
En revanche, la possibilité, un temps envisagée par Gérard Larcher, de confier aux directeurs d'hôpitaux la totalité des recrutements médicaux a été abandonnée. Trop polémique. De même pour l'évolution des hôpitaux publics en PSPH (privé participant au service public hospitalier), que plaidait Jacques Attali.
Sans doute la mission Larcher précisera-t-elle ses positions durant sa tournée des régions. Mais il n'échappera à personne que Gérard Larcher, en course pour la présidence du Sénat, n'est pas entièrement libre de parole. Un hospitalier commente : «Il ne faut pas s'attendre à un rapport révolutionnaire: s'il veut ménager les élus locaux pour être élu, Gérard Larcher ne peut pas prôner de trop rudes restructurations.» Sans compter, ajoute un autre, que le dernier mot ne lui appartient peut-être pas : «Tout se décide à l'Elysée».
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