LE DECRET DU 22 décembre 2006 donnait la possibilité aux préfets d'élargir les horaires de la permanence des soins au samedi après-midi, ainsi qu'au lundi, lorsqu'il précède un jour férié, et au vendredi et au samedi, lorsqu'ils suivent un jour férié. Mais ce décret n'abordait évidemment pas le volet financier de ces nouveaux horaires, le financement de la PDS relevant encore pour l'instant des relations conventionnelles. Les médecins impliqués dans la permanence des soins attendent donc depuis cette date la tenue d'une réunion conventionnelle pour donner enfin une traduction sonnante et trébuchante à ce décret. Mais de recul en report, la négociation n'a toujours pas eu lieu. Au mois de juillet, le SML du Dr Cabrera annonçait le démarrage d'un mouvement de grève du samedi après-midi, mais l'annonce d'une réunion syndicats-caisses sur ce sujet le 19 septembre suivant calmait le jeu. Malheureusement, la montagne a accouché d'une souris. La négociation du 19 septembre n'aboutit à rien, le directeur général de l'Union nationale des caisses d'assurance-maladie, Frédéric Van Roekeghem, ayant mis en avant lors de cette réunion la nécessité d'avoir des arbitrages du gouvernement (à la suite de la publication du rapport Grall préconisant de faire sortir la PDS du champ conventionnel) et de disposer d'un mandat de son conseil, avant de pouvoir négocier. Dès lors, le mouvement de grève, ou plutôt de « non-volontariat », comme le précisent les acteurs de terrain, reprit et s'est amplifié petit à petit.
La mobilisation ne faiblit pas.
Aujourd'hui, selon le décompte du « Quotidien », dix-neuf départements sont en grève de la PDS le samedi après-midi : le Haut-Rhin, la Gironde, l'Eure-et-Loir, le Cher, la Moselle, la Mayenne, la Vendée, le Maine-et-Loire, l'Aisne, la Charente, la Charente-Maritime, les Deux-Sèvres, la Vienne, les Ardennes, le Morbihan, le Vaucluse, le Bas-Rhin, l'Essonne et la Loire-Atlantique. Certes, comme le dit Michel Chassang, président de la CSMF, «la période n'est pas propice à la négociation, car le vote du PLFSS (projet de loi de financement de la Sécurité sociale) risque de tout changer, tout comme la mise en application des préconisations du rapport Grall sur la PDS». Mais il n'en reste pas moins que la mobilisation pour le paiement des astreintes du samedi après-midi ne faiblit pas, bien au contraire : il y a trois semaines, en effet, seulement quatorze départements suivaient le mouvement de grève.
Au SML, le Dr Dinorino Cabrera, qui avait le premier appelé à un mouvement de non-volontariat pour les gardes du samedi après-midi, fait part de son «ras-le-bol». Et il prévient que si rien n'est fait pour le paiement des astreintes du samedi après-midi d'ici à la date anniversaire de signature du décret (22 décembre), il invitera «les médecins à se désengager de la PDS de manière globale». En clair, il les invitera à une grève totale de la PDS, au-delà de l'actuel mouvement de non-volontariat du samedi après-midi. Car, pour le Dr Cabrera, «on peut comprendre que le vote du PLFSS soit une source provisoire de complications, on peut comprendre que la publication du rapport Grall, auquel nous sommes favorables, brouille provisoirement le jeu. Mais cela fait un an qu'on nous fait attendre, les caisses peuvent très bien payer les astreintes, nous sommes au-delà de l'agacement».
Dans les départements, la tonalité est globalement la même. Pour le Dr Gérald Galliot, président de la CSMF d'Eure-et-Loir, qui précise que la moitié des secteurs de son département, dont celui de Chartres, suivent le mouvement de non-volontariat, «il faut replacer l'ampleur du mouvement dans son contexte. La moitié des départements français ne se sont pas investis dans la PDS du samedi après-midi, il est donc normal qu'ils ne fassent pas grève». Mais la colère est perceptible sur le sujet du samedi après-midi, et Gérald Galliot, tout comme le Dr Cabrera, n'exclut rien : «Si l'UNCAM persiste à faire la sourde oreille aux revendications des médecins, il est à craindre que d'ici à la fin de l'année, ce mouvement s'amplifie à l'ensemble de notre département, avec le risque d'extension aux ponts de Noël et du 1erjanvier.»
D'autant que le patron de la CSMF d'Eure-et-Loir a fait ses calculs et, selon lui, le paiement des astreintes du samedi après-midi dans son département ne coûterait aux caisses que 42 000 euros en rythme annuel.
Et, prenant au mot les déclarations de Roselyne Bachelot à l'université d'été de la CSMF (la ministre avait alors souligné l'impératif de la diminution du nombre de secteurs en échange de la rémunération des astreintes du samedi après-midi et des ponts), Gérald Galliot suggère «qu'au moins on rémunère pour le samedi après-midi ces départements qui ont déjà fait ce travail, et ce avant la fin de l'année. Sinon, cela va désorganiser les départements où la PDS fonctionne». Tout en précisant que c'est le cas pour son département, dans lequel le nombre de secteurs est passé de 29 à 8.
Comme le dit Michel Chassang, «on se plaint d'une pseudo-désaffection des médecins libéraux dans la PDS, mais, dans le même temps, on leur refuse les moyens nécessaires à l'accomplissement de leur mission de service public».
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