Les patients arthrosiques ont souvent d’autres maladies chroniques : on estime qu’après l’âge de 65 ans, neuf patients sur dix ayant une arthrose symptomatique présentent au moins une autre affection d’évolution chronique, et l’association arthrose/maladie cardiovasculaire est particulièrement fréquente.
Une étude rétrospective canadienne (1) a évalué l’impact en termes de risque cardiovasculaire des antécédents cardiovasculaires et du handicap à la marche chez des patients souffrant d’arthrose du genou et de la hanche. L’analyse de 2 143 dossiers (72 % de femmes, âge moyen 71 ans) a mis en évidence la fréquence des facteurs de risque associés : diabète dans 20 % des cas, hypertension artérielle (HTA) dans 63,5 % des cas, surpoids ou obésité dans 67 % des cas. La moitié des patients étaient des fumeurs ou ex-fumeurs et 40 % avaient des antécédents cardiovasculaires. Le score fonctionnel (WOMAC) était en moyenne de 41/100 et 73 % des patients rapportaient des difficultés à la marche.
Après un suivi moyen de 9,2 ans, un événement cardiovasculaire (critère composite associant infarctus du myocarde, revascularisation coronaire, insuffisance cardiaque, accident vasculaire cérébral ou accident ischémique transitoire et décès) a été observé chez plus des deux-tiers (68 %) des patients.
Après ajustement sur les facteurs de risque cardiovasculaire (âge, sexe, statut tabagique, IMC, HTA, diabète, recours aux AINS, « fragilité » et revenus), deux paramètres se sont montrés prédictifs, de façon indépendante, du risque de survenue d’un événement vasculaire : les antécédents cardiovasculaires et le handicap à la marche.
Ce travail canadien confirme les données issues d’autres études, notamment celle publiée l’an dernier dans le British Medical Journal, qui ont montré une association entre l’arthrose et le risque cardiovasculaire. Les patients souffrant d’arthrose ont en moyenne plus de comorbidités que la population générale et l’arthrose aggrave le risque cardiovasculaire, notamment en raison du handicap fonctionnel qu’elle induit.
Hawker GA et al. ont ainsi estimé à 20 % à 10 ans le surrisque d’événement cardiovasculaire ou de décès chez les sujets présentant à la fois un handicap fonctionnel à l’inclusion (score de marche HAQ de 2 versus 0) et un antécédent d’accident vasculaire.
L’arthrose ne peut plus aujourd’hui être considérée comme une maladie bénigne, et il est essentiel de lutter contre le surpoids et la sédentarité. Ceci implique en particulier de développer de nouvelles stratégies thérapeutiques.
(1) Hawker Gillian A. PLoS One. 2014;9(3) : e91286
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