LES MODIFICATIONS de la biodisponibilité peuvent permettre le recours à des prodrogues. Ainsi, la capécitabine permet l'administration par voie orale du 5-FU et limite ainsi les contraintes de la voie parentérale. En outre, l'administration locorégionale permet notamment d'obtenir une concentration élevée au site tumoral, ce qui induit une amélioration de l'efficacité du traitement, et de réduire l'exposition systémique, ce qui diminue les effets secondaires. Ce type d'administration a été mis à profit pour les glioblastomes, par voie intratumorale (2) et, pour les hépatocarcinomes, par voie intra-artérielle.
La modification de la distribution et de la libération du principe actif est possible grâce à la vectorisation. La modification de la libération peut être obtenue grâce aux systèmes nano- ou microparticulaires. Ces formes sont, par exemple, utilisées pour la libération prolongée d'analogues agonistes de la LH-RH, comme la leuproréline, ou encore d'analogue de la somatostatine, comme le lanréotide ou l'octréotide.
Des microsphères contenant un organoarsénié, le mélarsoprol, ont été développées et ses propriétés antileucémiques ont été testées (3). Des formes microparticulaires contenant des agents cytotoxiques permettent la chimioembolisation. Enfin, des systèmes nanoparticulaires sont considérés comme une voie d'avenir pour vectoriser des oligonucléotides antisens ou des gènes.
Implants, hydrogels, encapsulation.
Les implants, notamment de Gliadel, ont permis d'envisager des applications cliniques, avant tout dans les tumeurs cérébrales.
Des hydrogels, dont la matrice hydrophile biorésorbable contient une suspension d'anticancéreux, ont été envisagés pour une administration intratumorale, par exemple dans les hépatocarcinomes, les métastases hépatiques et les cancers cutanés.
La modification de la distribution peut être rendue possible par le principe selon lequel la distribution du principe actif n'est plus liée aux propriétés physico- chimiques de ce dernier, mais uniquement en fonction de la distribution du vecteur. Le ciblage peut alors être passif ou actif. En cas de ciblage passif, la particule est considérée comme un corps étranger et est distribuée préférentiellement vers les organes riches en cellules mononucléées (foie, rate, moelle osseuse, etc.).
L'encapsulation de l'adriamycine dans des liposomes (Myocet) a permis, par exemple, une diminution nette de sa cardiotoxicité et l'augmentation de sa demi-vie plasmatique. Le ciblage actif peut faire appel à une modification chimique du principe actif, comme c'est le cas pour la pégylation des interférons ou des liposomes pégylés (Caelyx). Un couplage, ou incorporation du principe actif dans un vecteur capable de reconnaître activement un tissu ou un type de cellules, est également possible. C'est notamment le cas des immunoliposomes anti-HER2.
La complexité de la prise en charge des affections cancéreuses, qui représente aujourd'hui la première cause de décès, nécessite des stratégies pléiomorphes, parmi lesquelles l'optimisation pharmacotechnique des traitements apparaît de plus en plus importante.
D'après un entretien avec le Dr Muriel Paul (service de pharmacie et de toxicologie, CNRS-UMR 7054, hôpital Henri-Mondor, Créteil).
(1) Astier A Ann Pharm Fr 2006 ; 64 (1) : 23-35.
(2) Nguyen JP, Paul M, Defer G et coll. Neurology 1990 ; 40 (6) : 130.
(3) Gibaud S, Astier A Ann Pharm Fr 2007 ; 65 (3) : 162-8.
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