De notre correspondante
à New York
L E médulloblastome, la tumeur cérébrale maligne la plus courante de l'enfant, est une tumeur du cervelet de tendance rapidement envahissante. Un tiers des enfants se présente au moment du diagnostic avec une maladie métastatique et c'est le facteur le plus étroitement corrélé au mauvais pronostic.
Une équipe américaine a voulu découvrir quelles altérations génétiques dans la tumeur favorisent la dissémination métastatique.
Les promoteurs de la dissémination
De tels éclaircissements génétiques, totalement absents jusqu'ici, pourraient en effet permettre de mieux stratifier le risque individuel de dissémination et suggérer de nouvelles stratégies thérapeutiques spécifiquement dirigées contre ces promoteurs de la dissémination.
Mac Donald (Children's National Medical Center, Washington DC) et coll. ont examiné vingt-trois biopsies de médulloblastome prélevées chez des enfants ; elles ont été désignées (cliniquement et après IRM du SNC) comme métastatiques ou non métastatiques. Les chercheurs ont isolé l'ARN dans les prélèvements biopsiques et examiné le profil d'expression de milliers de gènes. Ils ont ainsi identifié 85 gènes dont l'expression diffère significativement entre le groupe métastatique et le groupe non métastatique.
En utilisant cet ensemble de gènes, les chercheurs ont été capables de prédire correctement le pouvoir métastatique ou non de la plupart des prélèvements biopsiques. « L'exactitude avec laquelle nous avons classé les tumeurs non métastatiques est prometteuse », déclarent-ils. Des études supplémentaires pourraient permettre d'améliorer encore cette méthode génétique pour prédire le pouvoir métastatique.
Parmi les 85 gènes prédicteurs de métastases, 59 sont déjà connus pour jouer un rôle dans :
1) l'invasion et l'angiogenèse (15 gènes) ;
2) la prolifération médiée par le facteur de croissance ou les cytokines (12 gènes) ;
3) la transduction du signal (9 gènes) ;
4) la régulation de la transcription (8 gènes) ;
5) la réplication d'ADN (8 gènes) ;
6) l'oncogenèse (7 gènes).
Ces gènes incluent notamment le gène PDGFR alpha (Platelet-Derived Growth Factor Receptor alpha) et plusieurs gènes de la voie du signal RAS/MAPK. Le gène PDGFR alpha est surexprimé dans les médulloblastomes métastatiques.
Les chercheurs ont constaté in vitro que l'inhibition du PDGFR alpha par un anticorps neutralisant atténue le potentiel métastatique d'une lignée cellulaire de médulloblastome.
« Ces résultats apportent les premiers éclaircissements sur la régulation génétique de la métastase du médulloblastome, notent les chercheurs, et suggèrent pour la première fois un rôle du PDGFR alpha et de la voie du signal RAS/MAPK dans la métastase du médulloblastome. »
Etudier des inhibiteurs spécifiques
Grâce à des études supplémentaires, il pourra peut-être identifier les patients qui ont un faible risque de progression et peuvent se passer de la radiothérapie.
Enfin, selon les chercheurs, des inhibiteurs spécifiques du PDGFR alpha (comme le STI-571) ou de RAS (comme le R115777 et le SCH66336) « devraient être étudiés comme de nouveaux traitements possibles contre le médulloblastome ».
« Nature Genetics », septembre 2001.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature