C E n'est pas sans hésitation, semble-t-il, que la première firme pharmaceutique espagnole, Almirall Prodesfarma, a choisi la France pour procéder à de nouveaux investissements : la politique du gouvernement en matière de médicament a refroidi, si l'on en croit ceux qui ont participé aux négociations, les ardeurs des partisans de cette arrivée.
Mais finalement, l'importance du marché français, le quatrième du monde, a emporté les dernières réserves des responsables de l'entreprise hispanique, qui ont donc décidé d'acquérir, pour un montant resté secret, une firme française, Pharmafarm, qui a réalisé l'année dernière un chiffre d'affaires de 240 millions de francs. Celle-ci constituait jusqu'alors la filiale pharmaceutique de la « holding », Halisol, créée par le Dr Nicole Bru en 1995, ancienne présidente d'UPSA, avant que cette dernière entreprise ne soit rachetée entièrement par l'Américain Bristol Myers Squibb.
Ce rachat qui marque l'entrée des Espagnols sur le marché français est une première pour l'industrie pharmaceutique espagnole. « Cet investissement, a d'ailleurs commenté Jorge Gallardo, le P-DG de la firme, représente un pas en avant pour toute l'industrie pharmaceutique espagnole. »
Un antihistaminique
et un antimigraineux
Almirall Prodesforma, qui occupe avec 6 %des ventes de médicaments, la deuxième place du marché dans la péninsule ibérique (elle est devancée par GlaxoSmithKline depuis la concrétisation de la fusion qui a donné naissance à ce groupe), et qui a réalisé en 2000 un chiffre d'affaires total légèrement supérieur à 4 milliards de francs, veut rapidement mettre pour commercialiser en France deux produits importants issus de sa recherche : un antihistaminique (ébastine) et un antimigraineux (almotripan).
Le premier devrait être sur le marché dès le début de l'automne prochain et le second en 2002. L'almotripan est déjà commercialisé dans d'autres pays, mais grâce à des alliances stratégiques conclues avec des entreprises plus importantes, Lundbeck en Grande-Bretagne et en Scandinavie, Bayer en Allemagne. Mais surtout, cette molécule a reçu l'aval de la Food and Drug Administration (FDA) pour être commercialisée aux Etats-Unis. C'est la première fois, dit-on chez Almirall Prodesfarma, « qu'un produit de la recherche espagnole obtient cette autorisation ».
A moyen terme, dans un délai de quatre ans environ, la firme hispanique espère réaliser en France avec Pharmafarm (dont le nom sera conservé) un chiffre d'affaires de 400 à 500 millions de francs. Elle s'appuiera sur les nouveaux produits, issus de sa recherche, et sur des équipes de visiteurs médicaux qui seront renforcées.
Désireuse d'accroître son développement international, l'entreprise espagnole va consacrer au cours des cinq prochaines années un budget global en recherche et développement de 4,3 milliards de francs.
Les axes thérapeutiques essentiels de cette recherche concernent l'asthme, les allergies, les dermatites, l'arthrose, les affections cardio-vasculaires, les troubles gastro-intestinaux et la migraine.
Pharmafarm, la filiale française de Almirall Prodesfarma, sera présidée par un Espagnol, le Dr Federico Anton, mais qui restera la plupart du temps à Barcelone, siège du groupe. En France, la direction générale sera assurée, comme dans la précédente structure, par Josy Charboneau.
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