M ACHINE arrière : le Burkina n'accueillera pas comme prévu, du 3 au 7 mai, à Ouagadougou, le premier sommet international pour l'accès aux médicaments génériques anti-SIDA. La quinzaine d'organisations non gouvernementales (ONG) de pays du Sud et du Nord, réunies au sein d'un comité international, ont en effet décidé de reporter le sommet, « dans le but (de réunir) les meilleures conditions techniques et politiques ».
Selon un porte-parole des organisateurs, Germinal Pinalie, l'événement est remis au mois de septembre prochain. « Nous souhaitons que cette réunion se tienne en Afrique, en tout cas, au Sud », a-t-il ajouté. « Des dissensions » entre organisations seraient à l'origine du report : « Il n'est pas facile d'organiser à plusieurs un tel sommet », a indiqué Germinal Pinalie, qui évoque encore « des divergences pas insurmontables, survenues dans un contexte de tensions et de pressions ». Il réfute cependant le « reproche de sommet importé formulé par le Burkina », en rappelant que dans les rangs des organisateurs (MSF, Act-Up, Oxfam, notamment) se trouvent des associations africaines, du Burkina, du Burundi et d'Afrique du Sud.
Le gouvernement burkinabé a fait savoir qu'il « n'avait pas été associé » à la préparation du sommet. « Nous n'avons pas empêché la tenue de cette réunion. Si c'est une manifestation purement privée, il n'y a pas de raison qu'on l'empêche. Mais s'ils veulent dire que les autorités burkinabées sont impliquées, nous le leur interdisons, parce qu'en aucune manière nous n'avons été impliqués », a déclaré le ministre de la Santé, Pierre Tapsoba, qui a annoncé la tenue d'une table ronde avec les firmes pharmaceutiques, du 7 au 11 mai, à Ouagadougou.
A Paris, les associations confirment des « réticences » des autorités burkinabées et, comme piste d'explication, le financement par les laboratoires pharmaceutiques de conférences sur le SIDA, telle la 12e CISMA/ICASA (conférence internationale sur le SIDA et les MST en Afrique) qui se tiendra en décembre prochain à Ouagadougou.
La rencontre autour de la question des génériques serait pourtant tombée à point, après le retrait de la plainte des laboratoires pharmaceutiques contre une loi sud-africaine (« le Quotidien » du 23 avril). Dans un communiqué, l'association Act-Up souligne que le sommet demeure « une nécessité ».
Le but de ce sommet est de réunir les associations de plus de cinquante pays qui s'informeront sur « la production, l'importation et la promotion des médicaments génériques et de copies de qualité ». Avec nombre de spécialistes de la santé et du médicament, les acteurs de terrain entendent « définir les stratégies et les alliances dont ils ont besoin pour permettre l'accès aux médicaments génériques et aux copies ».
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