Le déremboursement à compter du 1er août des médicaments anti-Alzheimer, jugés insuffisamment efficaces et potentiellement risqués, ne devrait pas perturber la prise en charge des patients concernés, selon 60 % des médecins généralistes qui ont pris part à notre enquête en ligne. La mesure concerne quatre médicaments (Aricept, Ebixa, Exelon, Reminyl) et leurs génériques qui étaient jusque-là remboursés à hauteur de 15 % par l'Assurance maladie.
Des associations d'usagers avaient jugé « infondée et dangereuse » la décision gouvernementale. « Au-delà de la question de l'efficacité, la prescription des médicaments participait grandement à maintenir un lien thérapeutique entre le médecin et le patient », regrettait l'association France Alzheimer.
Une majorité des 636 praticiens qui ont participé à ce débat sur legeneraliste.fr estiment eux que cette mesure ne compliquera pas la prise en charge des 850 000 à 1,2 million de personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer en France. 25 % pensent le contraire tandis que 15 % des praticiens sondés trouvent « compliqué » de répondre à cette question.
Des médecins très critiques
Les médecins qui se sont exprimés sur ce sujet sont cependant unanimes pour saluer le déremboursement.
« Voici plus de 20 ans que nous disons que c'est de l'arnaque, avec ce type de médicament, je n'ai eu que des ennuis », assène le Dr Jean-Louis B, généraliste avec un DU de gériatrie qui est intervenu pendant 25 ans dans une maison de retraite.
Certains praticiens ont déjà supprimé ces traitements de leur arsenal thérapeutique et affirment qu'ils ont déjà coûté trop cher. « Une fois sur deux, je bazarde la prescription », affirme le Dr Christophe L. « Ces médicaments, inutiles, absorbent un budget qui pourrait être mieux employé », abonde un confrère.
Le sujet du déremboursement dépasse le sujet des traitements anti-Alzheimer. « Il faudrait faire un sérieux tri dans les traitements remboursés, pour soutenir ceux qui sont vraiment utiles, à charge du patient de payer les médicaments placebo s’il y croit », poursuit le Dr Françoise V.
Un praticien soulève la question de la relation parfois compliquée avec les spécialistes qui lancent le traitement.
« Le plus difficile est de supprimer ces produits prescrits par le spécialiste, lequel est persuadé que ces produits agissent, affirme le Dr Pascal L. Nous, comme d'habitude, assurons le service après vente avec les effets secondaires, bien supérieurs aux hypothétiques effets bénéfiques. »
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