Un « collectif Europe et médicament » rassemblant la Mutualité, des associations de patients, des associations de consommateurs, des revues de santé sans publicité médicale, vient de se mettre en place pour tenter de faire modifier une directive de la Commission de Bruxelles, sur la politique du médicament, qui doit être soumise prochainement au Parlement européen.
Ce texte (« le Quotidien » du 7 février 2002) prévoit un renforcement du rôle de l'Agence du médicament de Londres, qui devra désormais examiner les demandes d'AMM déposées par les laboratoires concernant toutes les nouvelles substances chimiques, et non plus seulement, comme aujourd'hui les produits issus des biotechnologies. Le texte prévoit d'autoriser la publicité auprès du grand public, concernant les médicaments destinés à lutter contre l'asthme, le diabète et le SIDA. Une expérimentation qui sera conduite sur cinq ans. C'est surtout cette disposition qui est combattue par les membres du collectif Europe et médicament qui s'insurgent contre une mesure qui, disent-ils, fait la part belle à l'industrie pharmaceutique. « On ne peut être à la fois juge et partie », s'insurge Jacques Mopin, de la revue « Que Choisir » pour qui l'Europe, dans ce domaine, a cédé aux « grands lobbies pharmaceutiques européens ».
On pourrait voir bientôt, comme aux Etats-Unis, insiste-t-il, « des publicités télévisées qui immanquablement influenceront les patients et indirectement les prescripteurs ». Une position que rejoint Franck Rodenburg, membre de l'association de malades du SIDA TRT5, qui milite pour une « information fiable, indépendante des laboratoires qui ont tout intérêt à minimiser les effets secondaires des médicaments qu'ils mettent sur le marché ».
Autre préoccupation des membres du collectif : la directive supprime le processus de révision quinquennale de l'AMM. Pour le Pr Claude Béraud, ancien médecin-conseil de la CNAM et aujourd'hui conseiller du président de la mutualité, Jean-Pierre Davant, cette décision sera lourde de conséquences pour le médecin et surtout le patient. « C'est tout le processus d'évaluation et d'observation du médicament qui est ainsi remis en cause. Une AMM peut-être modifiée au vu des effets que le médicament a pu produire, au cours de sa vie, sur des malades. Au lieu de supprimer ce réexamen quinquennal, il aurait fallu le rendre plus efficace », explique Claude Béraud.
Le collectif va maintenant agir auprès de parlementaires européens et des opinions des divers pays pour tenter de faire modifier cette directive.
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