Le CREDES (Centre de recherche, d'étude et de documentation en économie de la santé) consacre son dernier « Bulletin » aux ressorts de la diffusion de l'innovation pharmaceutique en médecine libérale (1).
Un sujet peu défriché alors même que les médecins français ont la réputation d'être très sensibles à l'arrivée de nouvelles spécialités sur le marché pharmaceutique et de les intégrer très rapidement à leur pratique.
Le CREDES a basé son enquête, menée pendant la période 1992-1998, sur deux classes de médicaments : les antidépresseurs thymoanaleptiques et une classe d'antibiotiques, les macrolides. Si ses travaux ne débouchent pas sur un profil standard de médecin « novateur », ils démontrent que la spécialité du médecin et l'existence d'une autre activité professionnelle en dehors de l'exercice libéral sont des facteurs dominants dans la prescription des innovations. Ils mettent également en relief « le rôle majeur de l'investissement des firmes pharmaceutiques dans la diffusion des nouveaux produits », notant une « très forte corrélation entre le nombre de lignes prescrites (...) et l'investissement promotionnel global ».
Pour le reste, les comportements des prescripteurs varient avec les médicaments. En ce qui concerne les macrolides, le CREDES constate que deux facteurs influencent particulièrement la prescription novatrice. D'abord, chez les généralistes (cela ne se vérifie pas chez les spécialistes), le fait d'exercer une activité à l'extérieur est déterminant. Ensuite, plus le nombre moyen de macrolides (tous médicaments de cette classe confondus) prescrits par séance est élevé et plus la probabilité de prescrire une innovation - toujours dans cette classe - est forte.
Du côté des antidépresseurs, le CREDES remarque que les psychiatres sont plus souvent novateurs que les généralistes ; il vérifie que, comme pour les macrolides, le nombre de lignes d'antidépresseurs prescrits d'une manière générale influence positivement la prescription d'innovations.
En revanche, quelle que soit la classe thérapeutique étudiée, l'enquête ne range pas - contrairement à ce que fait la littérature internationale qui pose, par exemple, que les médecins adoptant tardivement l'innovation sont plutôt des femmes ou des médecins avec une liste de patients peu importante et une faible activité par patient - parmi les facteurs déterminant de la diffusion de l'innovation en France des variables comme l'identité du médecin, son âge et son sexe, son secteur d'activité ou encore les caractéristiques géographiques de son implantation.
(1) Laurence Auvray, Fabienne Hensgen, Catherine Sermet, « La diffusion de l'innovation pharmaceutique en médecine libérale : revue de la littérature et premiers résultats français », « Bulletin d'information en économie de la santé », n° 73.
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