Le fait se confirme une nouvelle fois : pour les industriels du médicament, le marché américain, c'est l'Eldorado.
Face à la morosité ambiante des pays européens et aux politiques de maîtrise des dépenses de santé, qui touchent surtout le médicament dans la plupart des nations du Vieux Continent, beaucoup d'industriels, surtout européens, regardent de plus en plus de l'autre côté de l'Atlantique, au mépris des risques financiers que cela implique.
C'est en tout cas le pari de la firme française Sanofi-Synthélabo qui, malgré les mises en garde de bien des experts, n'a pas hésité, il y a déjà plusieurs années, à tenter l'aventure américaine. Pari réussi, semble-t-il.
En présentant les résultats excellents de la firme française pour 2001 (plus 15 % du chiffre d'affaires et surtout plus 43 % du résultat net), le président de Sanofi-Synthélabo, Jean-François Dehecq, n'a pas manqué l'occasion de rappeler cette ambition. « Même si les risques sont grands et s'il faut investir plusieurs dizaines de millions de dollars pour réussir aux Etats-Unis, explique-t-il, le jeu en vaut la chandelle. »
Et aujourd'hui pour Sanofi-Synthélabo, la chandelle brille de mille feux : 41 % du résultat opérationnel de la firme française a été réalisé en 2001 aux Etats-Unis, contre 34 % en 2000 ; et 36 % du chiffre d'affaires est dû au marché américain, contre 31 % l'année précédente.
Pour réussir ses performances, le groupe français a considérablement accru ses forces de ventes aux Etats-Unis ; mille visiteurs médicaux supplémentaires ont été recrutés en six mois, ce qui porte leur nombre total sur le marché américain à 2 068.
Ces délégués médicaux peuvent s'appuyer sur des spécialités pharmaceutiques qui ont déjà fait leurs preuves et dont le succès ne se dément pas : l'antithrombotique Plavix, dont les ventes au niveau mondial ont progressé de 55 %, pour atteindre un chiffre d'affaires de 2,033 milliards d'euros (un résultat d'au moins 4 milliards d'euros est espéré à l'horizon 2005) ; l'antihypertenseur Aprovel (plus 37 %) et l'hypnotique Stilnox en hausse de 29 % et qui a connu une belle percée au Japon, puisque, un an après son lancement, ce produit, commercialisé sous le nom de Myslee, occupe 12,5 % du marché nippon.
Ces trois spécialités, en progression cumulée de 44 % sur un an, réalisent 30 % du chiffre d'affaires total de la firme. A noter que les quinze premiers produits sont à l'origine de 63 % du chiffre d'affaires annuel.
La firme française mise beaucoup sur un nouveau médicament pour devenir encore plus performante ; Arixtra, première spécialité d'une nouvelle classe d'antithrombotiques synthétiques (les inhibiteurs sélectifs du facteur XA), lancé aux Etats-Unis ce mois de février, puis dans trois pays européens (Allemagne, Pays-Bas et Royaume-Uni) en mars et dans le reste du monde (hors Japon) d'ici à la fin de l'année, est promis, selon Jean-François Dehecq, à devenir le quatrième grand médicament du groupe, celui qui dépassera rapidement le milliard de dollars de chiffre d'affaires.
Tous ces éléments expliquent l'optimisme des responsables de la firme. Ils ne s'inquiètent guère de l'ambition d'un laboratoire canadien de génériquer, pour les Etats-Unis, leur médicament vedette Plavix. « Le brevet court jusqu'en 2011, a expliqué M. Dehecq, et le médicament n'est donc pas menacé. » Sanofi n'en a pas moins décidé de saisir la justice.
Pour 2002, les responsables de la firme française sont confiants. Ils misent sur une nouvelle croissance du marché américain et attendent une progression du résultat net d'au moins 25 %. Mais, dans leur esprit, il est clair que c'est un minimum.
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