L'industrie pharmaceutique attend des candidats à l'élection présidentielle et du futur gouvernement un « contrat de confiance sur une vraie politique du médicament ».
Pour les industriels, il est urgent d'adapter notre système de santé « aux besoins et défis nouveaux ». Ils évoquent un « malaise grandissant, lié à l'inadaptation progressive aux mutations en cours » : besoins créés par le vieillissement de la population et par le développement de pathologies chroniques, cloisonnement des structures de soins et disparités régionales, « accès tardif au progrès thérapeutique et affaiblissement des capacités de recherche ».
A l'instar des responsables du monde de la santé, réunis dans le mouvement Santé en action (qui regroupe, outre le SNIP, le Centre national des professions de santé et les fabricants de matériel médical), les professionnels du médicament tirent la sonnette d'alarme : « Pour réformer le système de santé, la prise en compte de la contribution du médicament est fondamentale. » Aux plans successifs, « aux objectifs purement comptables déconnectés des besoins réels de santé et sans visibilité pour l'industrie et sa recherche », doit donc succéder une vraie politique du médicament.
D'où l'énoncé de quinze propositions autour de trois grands axes : replacer les besoins du patient au centre de l'action publique, favoriser la pérennité du progrès thérapeutique et une régulation médicale fondée sur la qualité, enfin, promouvoir une logique de responsabilités partagées.
En matière de consommation de médicaments, les besoins devraient être, selon le SNIP, « définis pluriannuellement pour permettre des choix clairs : évaluation par pathologie et par région, tableau de bord national, études et recommandations par un institut d'études et statistiques sur la santé, vote de priorités à moyen terme par un Parlement mieux informé ». Quant au « panier de soins » (c'est-à-dire la liste des soins et des médicaments remboursés par la Sécurité sociale), il doit faire l'objet d'un « processus régulier de mise à jour ».
Dans le même temps, les industriels appellent à un développement de l'automédication, ainsi qu'à une aide aux médicaments génériques qui ont pris du retard en raison d'une réglementation imposée « au détriment de la confiance accordée aux acteurs de santé ». Les industriels plaident pour la pédagogie, et réclament, en outre, qu'il y ait des différences de prix plus importantes qu'à l'heure actuelle entre les génériques et les nouveaux médicaments.
Autre point capital, la recherche, qui souffre d'un « déficit d'encouragement ». Il faut, insiste Christian Lajoux, vice-président du SNIP, « reconnaître dans l'innovation une priorité nationale, et non un surcoût pour la protection sociale », et prévoir « une meilleure protection de la propriété intellectuelle, ainsi qu'un environnement fiscal plus favorable, et des mesures renforçant l'attractivité de notre pays pour les chercheurs de haut niveau ».
Renforcer le bon usage des soins, passer d'une « logique de taxations contradictoires à une implication plus positive », favoriser « la vérité des prix » : telles sont les principales demandes des industriels.
Résumant le propos de la profession, Jean-Pierre Cassan, président du SNIP, souhaite l'élaboration d'un contrat global entre l'industrie du médicament et le gouvernement, contrat qui s'inspirerait des quinze propositions du SNIP. Il demande également qu'il y ait « un engagement clair et sur le long terme » de la puissance publique. Faute de quoi, précise-t-il, « nous ne pourrions pas signer de nouvelles conventions » à l'échéance des précédents contrats, à la fin de 2002. Ces conventions négociées entre les laboratoires et le Comité économique du médicament déterminent notamment pour chaque entreprise des engagements en ce qui concerne les prix de produits, leur volume, les génériques, la limitation de frais de promotion, etc.
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