DANS le cadre de la présentation du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (Plfss) 2005, le ministre de la Santé, Philippe Douste-Blazy, a annoncé sa volonté de réduire les dépenses de santé de 2,9 milliards d'euros en 2005, dont 700 millions économisés sur le médicament. Pour ce faire, le ministre de la Santé table à la fois sur du neuf et sur du vieux. En effet, certaines dispositions annoncées figurent déjà dans la réforme de l'assurance-maladie, comme son article 17 qui permet d'élargir la définition des groupes génériques à certains produits de marque (produits dits de contournement, aux formes chimiques proches et aux effets thérapeutiques similaires). D'autres étaient également déjà contenues dans la directive européenne sur les essais cliniques, traduite en droit français dans la loi de santé publique, et concernent la protection intellectuelle des médicaments. Dorénavant, la protections des données cliniques (l'une des formes de la protection intellectuelle) sera au maximum de dix ans par produits contre quinze auparavant. De quoi donner un coup de fouet aux génériqueurs qui pourront copier plus rapidement que prévu les produits princeps. Philippe Douste-Blazy a par ailleurs demandé « aux professionnels de la filière générique de s'engager à développer l'utilisation de ces médicaments moins onéreux pour la collectivité ». Cette politique du générique devrait, selon Philippe Douste-Blazy, permettre à l'assurance-maladie d'économiser 330 millions d'euros en 2005. Le ministre de la Santé a également prévenu : « Si la part de marché des génériques n'atteint pas 60 % pour les molécules onéreuses, et 50 % pour les autres, des tarifs forfaitaires de remboursement (TFR, qui permet de fixer le niveau de remboursement de tous les médicaments d'un même groupe générique, y compris le princeps, sur la base du prix moyen des génériques du groupe, ndlr) seront appliqués avant la fin 2004 ». A bon entendeur...
Autre volet de cette politique du médicament, « l'optimisation des conditionnements », déjà prévue par la réforme de l'assurance-maladie et qui permettra d'adapter le conditionnement à la pathologie traitée et à la durée du traitement ; le ministre en espère 80 millions d'euros d'économies.
La « promotion du bon usage du médicament » est aussi au centre des préoccupations du ministre : les Français consomment 50 % de médicaments de plus que les Hollandais par exemple, et des économies peuvent être faites sur ce poste. Après une campagne de sensibilisation, la consommation d'antibiotiques a chuté en France de près de 25 % en deux ans (20 millions d'euros d'économies pour l'assurance-maladie), si bien que des campagnes du même type sont à l'étude, notamment sur la consommation de psychotropes, dont les Français sont particulièrement friands. Enfin, des mesures sont également prévues sur « la gestion des tarifs des dispositifs médicaux » ; en clair, cela signifie qu'un certain nombre de ces dispositifs médicaux, un peu âgés, voire obsolètes, verront leurs tarifs revus à la baisse par le comité économique des produits de santé (Ceps). Avec 50 millions d'euros d'économies escomptées.
Voir aussi : Une addition de 3,3 milliards deuros pour la RTT à lhôpital
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