De nombreux médecins libéraux, généralistes et spécialistes, s’apprêtent à fermer leur cabinet à compter de mardi 23 décembre et jusqu’au 31 décembre, et à faire la grève des gardes pendant cette même période. Ils s’opposent au projet de loi de santé de Marisol Touraine dont l’examen au Parlement a été repoussé au printemps.
De leur côté, les médecins urgentistes entreront en grève à partir de lundi 22 décembre à l’appel de l’AMUF pour dénoncer leurs conditions de travail, les cadences horaires et la pénibilité non reconnue. Les urgentistes pouvant être assignés, ils porteront un badge et les effectifs ne devraient pas être diminués.
Système grippé ?
La concertation ouverte par le ministère de la Santé et les quelques promesses d’aménagement de la réforme (sur le tiers payant généralisé, le service territorial de santé au public ou le nouveau service public hospitalier), n’ont pas suffi à apaiser la fronde de la médecine de ville.
Les syndicats de praticiens libéraux (MG France, CSMF, SML et FMF) mais aussi SOS Médecins ont tous maintenu leurs mots d’ordre de grève. Les nombreuses soirées d’information organisées en région ont réuni jusqu’à plusieurs centaines de médecins, témoignant d’une forte mobilisation.
Ce mouvement unitaire des médecins intervient à un moment où le contexte épidémique se dégrade, ce qui pourrait compliquer la donne. La grippe saisonnière gagne du terrain et la gastroentérite s’invitera, comme souvent, pendant les vacances de Noël. Le seuil épidémique de 269 cas pour 100 000 habitants pourrait être atteint dès la semaine prochaine, selon le réseau de surveillance Sentinelles.
Une ministre aux petits soins
La ministre de la Santé s’est efforcée de rassurer la population ces derniers jours. Marisol Touraine a affirmé mercredi que les personnes malades « trouveraient à se faire soigner » pendant les fêtes de fin d’année, malgré la grève des médecins libéraux.
« Les services du ministère de la Santé seront évidemment en contact dans chaque département avec les médecins pour voir qui sera sur place, qui pourra assurer les soins et, par ailleurs, les services hospitaliers accueilleront ceux qui auront besoin d’être accueillis », a précisé Marisol Touraine.
La Fédération hospitalière de France (FHF) a assuré de son côté que « l’hôpital public sera en ordre de marche et fera face, une fois de plus ». Certains hôpitaux ont demandé à leurs médecins de renoncer à leurs congés.
L’Ordre calme le jeu
Il est encore difficile de prédire l’ampleur de la mobilisation des médecins et surtout quelle sera l’incidence sur l’accès aux soins. Localement, des situations de tension sont à craindre aux urgences. La CSMF prédit en tout cas une « mobilisation historique et unitaire de tous les médecins libéraux ».
Pour l’heure, le mouvement de grève de la permanence des soins n’entraîne pas de perturbation majeure. Le conseil national de l’Ordre des médecins affirme n’avoir pas recensé de difficultés à remplir les tableaux de garde pour cette période. « L’Ordre est convaincu que les médecins agiront dans le respect des règles déontologiques et dans l’intérêt des patients », commente l’Ordre dans sa dernière newsletter à destination des médecins. « Dans le département du Rhône, nous avons eu peu de carences à signaler », explique au « Quotidien » le Dr Patrick Romestaing, président du conseil départemental.
Les agences régionales de santé (ARS) ont néanmoins pris leurs dispositions pour renforcer le cas échéant certaines lignes de garde ou alerter la population. L’ARS du Languedoc-Roussillon invite les patients à appeler en première intention leur médecin traitant les 24, 29, 30 et 31 décembre, pour savoir vers quel praticien ils seront éventuellement réorientés. Du 25 au 28 décembre et les nuits du 23 décembre au 1er janvier, « le dispositif de permanence des soins ambulatoire fonctionnera », assure l’ARS. Elle encourage les patients, « pour toute demande médicale, à contacter directement le 15 ».
Les cliniques ont prévu d’entrer en grève « illimitée » à partir du 5 janvier.
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