P RESQUE six mois après le premier « Grenelle de la santé » réuni par Elisabeth Guigou, une grand-messe qui avait laissé les médecins libéraux sur leur faim faute de moratoire sur les lettres clés flottantes et de mesures précises, la ministre de l'Emploi et de la Solidarité convie aujourd'hui quelque 80 participants du monde de la santé à un second « Grenelle », très attendu.
Cette journée intervient dans un climat de soudaine effervescence médico-sociale marqué par deux événements essentiels.
Le premier est venu de Matignon. Désireux de réinvestir le terrain social, le Premier ministre lui-même vient de lancer officiellement « sa » refondation sociale dont un des axes concernera l'avenir de l'assurance-maladie et des soins de ville. En adoptant cette démarche, décrite comme une « nouvelle étape », Lionel Jospin tente de répondre à l'exigence de concertation exprimée par les partenaires sociaux à l'ultimatum du Medef qui a annoncé son départ des caisses de Sécurité sociale. Il n'est pas innocent, à cet égard, que les syndicats de salariés et le patronat aient, cette fois, été invités à participer à ce « Grenelle » élargi.
Bouffée d'oxygène
Deuxième événement majeur : la publication du rapport des « sages » sur les soins de ville, commandé par le gouvernement. Dans un document précis de 25 pages, dont « le Quotidien » donne le détail, les quatre experts proposent une batterie de mesures concrètes, beaucoup plus incitatives que pénalisantes, et dont certaines sont très innovantes, notamment en matière de rémunération des médecins libéraux ou d'architecture conventionnelle. Cette mission préconise surtout de surseoir au système de régulation actuel « dans l'impasse » et de privilégier des objectifs « réalistes et légitimes ». Malgré une marge de manœuvre très étroite (la branche maladie a accusé un déficit de 6,1 milliards en 2000, les prévisions de croissance sont régulièrement revues à la baisse), la ministre est donc contrainte de lâcher un peu de lest, à moins d'un an des échéances électorales. Outre la prose stimulante des sages, elle dispose des nombreuses contributions récentes du monde de la santé (du G7, du G14, de la CNAM). Et, comme le souligne justement le Pr Bernard Glorion, ancien président du Conseil national de l'Ordre, et un des experts auteurs du rapport sur les soins de ville, « Elisabeth Guigou ne peut plus, cette fois, désigner quatre personnalités ». Pour utiliser une métaphore cycliste, elle doit donc changer de braquet. Et passer du brassage des idées aux actes.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature