MALGRÉ L'ABSENCE de dépistage à grande échelle comme en bénéficie le cancer du sein, le cancer de la prostate est, compte tenu du vieillissement de la population, de plus en plus fréquent. Silencieux au début comme pratiquement tous les cancers, il atteint l'homme de plus de 45 ans et sa fréquence augmente avec l'âge.
Compte tenu de la fréquence (55 000 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année en France) et de la gravité de la maladie quand elle est décelée à un stade évolué, tout homme après 50 ans - plus jeune dans les populations à risque - devrait bénéficier chaque année d'un examen clinique de dépistage (toucher rectal) et d'un dosage sanguin du PSA (prostate specific antigen).
Le dosage du PSA est un examen fondamental. A l'état normal, le taux de PSA est bas (de 1 à 4 ng/ml), il est élevé dans le cancer de la prostate, et l'élévation est proportionnelle à l'extension du cancer. Mais toutes les maladies prostatiques augmentent le taux de PSA : un adénome banal peut s'accompagner d'un taux de PSA à 10-12 ng/ml, une infection d'une élévation très importante (> 150 ng/ml et parfois plus). Une augmentation franche du PSA et/ou une anomalie au toucher rectal (en dehors de tout problème infectieux) doivent conduire à pratiquer une échographie prostatique et des biopsies des zones suspectes qui permettront d'affirmer le diagnostic de cancer.
Lorsque le volume de la prostate est augmenté par un adénome et que le taux de PSA paraît trop élevé compte tenu du volume de la glande, l'association à un cancer est suspecté et c'est l'échographie qui lèvera le doute.
L'annonce du diagnostic, comme celui de tout cancer est un traumatisme, d'autant plus que très souvent le cancer de la prostate évolue sans le moindre symptôme. Pour le patient, une fois le choc émotionnel passé, la question qu'il pose est celle des traitements disponibles et de leurs conséquences à plus ou moins long terme.
Aujourd'hui, un cancer de la prostate localisé à la glande est curable dans 75 % des cas. Les trois traitements les plus souvent proposés sont la prostatectomie, la radiothérapie et la curiethérapie, qui entraînent avec une fréquence significative des complications urinaires et/ou sexuelles très préjudiciables pour la qualité de vie du patient et du couple, d'autant que la maladie est découverte chez des sujets jeunes et sexuellement actifs, souligne le Pr Bertrand Dufour (hôpital Necker, Paris).
Pour ce qui concerne l'incontinence urinaire, les chiffres des grandes séries (Medline) donnent entre 8 et 15 % d'incontinence après chirurgie et entre 5 et 10 % après radiothérapie. En pratique, les taux d'incontinence urinaire vraie, sévère sont inférieurs à 5 % après une année. En revanche, l'incontinence urinaire d'effort est plus fréquente (de 20 à 35 %), notamment chez les sujets âgés.
L'après-traitement.
Pour ce qui concerne les complications sexuelles, les mêmes publications donnent des chiffres de 72 à 84 % d'impuissance après chirurgie et 50 % après radiothérapie et curiethérapie. Ces conséquences sont le plus souvent à la fois minimisées, occultées et négligées. Toutes les enquêtes menées auprès des patients le prouvent : la prise en charge du cancer est jugée excellente, celle des conséquences des traitements est médiocre, voire absente.
Pour le Dr Ronald Virag (spécialiste du traitement de l'impuissance, Paris), avant toute intervention, il est nécessaire d'informer les patients sur les complications sexuelles à venir et sur les moyens d'y remédier : injections intracaverneuses de médicaments vasoactifs comme l'alprostadil, mise en place d'un implant pénien si la fonction érectile est trop détériorée. « Le message est clair, l'hypothèque sexuelle ne doit pas être un frein à un traitement radical ou palliatif du cancer de la prostate puisqu'à tous les niveaux il existe une solution rétablissant efficacement les érections. »
Actuellement, trop de thérapeutes n'informent pas suffisamment leurs patients et négligent « l'après-traitement ».
Patients et médecins ont décidé d'informer ensemble le public. L'Anamacap (Association nationale des malades du cancer de la prostate), présidée par Roland Muntz, s'est rapprochée des spécialistes de la Ligue contre le cancer pour organiser à Paris, le 15 octobre, une réunion d'information sur les conséquences sexuelles et urinaires du cancer de la prostate.
* Faculté de pharmacie, 4, avenue de l'Observatoire, 75006 Paris, 10 h-12 h 30, ouvert à tout public dans la limite des places disponibles. Renseignements et réservations : Anamacap, tél. 03.87.03.05.04, info@anamacap.fr.
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