TROIS CANDIDATS à la présidentielle (François Bayrou, Ségolène Royal et Marie-George Buffet) ont répondu à la campagne de Médecins du monde pour l'accès aux soins des plus démunis. Pour sensibiliser le public, le bus de l'association avait sillonné la France pendant deux mois, recueillant plus de 10 000 signatures parmi les quelque 30 000 personnes qui sont allées à la rencontre des humanitaires dans une quinzaine de grandes villes. Ce sont maintenant les parlementaires que MDM veut interpeller, alors que, selon son président, le Dr Pierre Micheletti, «on observe depuis plusieurs années un net recul en termes d'accès aux soins des plus démunis». Le bus aux larges rayures orange de l'association s'est donc installé à proximité du Palais-Bourbon pour relancer auprès des nouveaux députés les cinq thèmes de la campagne : création d'un seul système de couverture maladie, qui intègre l'AME (aide médicale d'Etat) dans la CMU (couverture maladie universelle) ; ouverture d'un Pass (permanence d'accès aux soins de santé) dans chaque hôpital ; lancement d'une campagne nationale de dépistage du saturnisme ; développement des unités mobiles de psychiatrie pour prendre en charge les besoins en santé mentale des personnes sans abri ; et garantie de non-expulsion, de régularisation et d'accès aux soins sans restriction pour les étrangers gravement malades.
« Inscrire le droit à la santé dans le droit. »
Plusieurs élus ont décidé d'apporter leur soutien à cette démarche, principalement issus de l'opposition (Michèle Delaunay, Michel Destot, Hélène Mandroux et Jean-Marc Ayrault, députés socialistes, Patrick Braouzec, député communiste), mais aussi deux élus de la majorité (le radical André Rossinot et l'UMP Jacqueline Bayle).
Pour l'ancienne présidente de MDM, le Dr Françoise Jeanson, qui dirige la mission France de l'association, «ce n'est plus à nous avec nos 2000bénévoles engagés en France, ni au système caritatif d'assurer la prise en charge médicale des plus démunis. Le droit à la santé et à la vie doit s'inscrire dans le droit tout court. Or nous avons constaté pendant les campagnes présidentielle et législatives que la plupart des candidats qui s'expriment sur les questions de santé se positionnent sur la globalité du système et de ses enjeux économiques, au détriment des problématiques de solidarité, de santé publique et d'accès aux soins des plus pauvres». Un choix que l'humanitaire qualifie de «révoltant, alors que de plus en plus de gens, en particulier des personnes en situation assez précaire, se demandent avec angoisse ce que va devenir la couverture maladie».
Selon Médecins du monde, près de 38 % des patients venus à la mission France ne peuvent actuellement obtenir de couverture maladie faute de domiciliation et 82 % des consultants qui remplissent toutes les conditions requises pour bénéficier de la CMU n'ont pas de droits ouverts lorsqu'ils se présentent pour la première fois.
Dans ce contexte, l'instauration de franchises médicales annoncées par le gouvernement inquiète fortement l'association. Conscient du problème posé pour les plus démunis, le haut commissaire aux Solidarités actives, Martin Hirsch, vient de proposer la création d'un «bouclier sanitaire qui permettrait que les sommes restant à la charge du patient ne puissent dépasser de 3 à 5% de son revenu brut». Un dispositif semblable est déjà mis en oeuvre depuis 2004 en Allemagne où le reste à charge est plafonné à 2 % du revenu.
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