L'histoire dont un chapitre va se clore demain commence en 1997.
A son début, il y a 8 000 praticiens - 10 000 au fil des arrivées -, diplômés hors d'Europe et que la réglementation abonne aux sous-statuts (associés, faisant fonction d'interne). Des obstétriciens, des anesthésistes, des chirurgiens qui enchaînent les gardes pour gagner correctement leur vie, qui sont médecins à l'hôpital, mais interdits d'exercice en ville. A sa fin, 1 800 de ces médecins sont devenus praticiens hospitaliers (PH) et travaillent exactement dans les mêmes conditions que leurs confères diplômés en France - 1 000 sont effectivement en poste -, 5 800 sontpraticiens adjoints contractuels (PAC) et 2 000 ont réussi les épreuves du CSCT (certificat de synthèse clinique et thérapeutique), entre 600 et 700 sont installés en ville comme spécialistes (1).
Le SNPAC (Syndicat national des praticiens adjoints contractuels, 3 800 adhérents aujourd'hui), est en partie à l'origine de ce succès. Quand il s'est créé, il y a six ans, les voies de l'intégration des médecins diplômés en Algérie, au Maroc, au Chili ou en Pologne avaient été tracées par les pouvoirs publics, sous l'impulsion d'autres organisations et notamment du CMDE (Comité des médecins à diplôme étranger), mais beaucoup restait à faire. « A l'époque, se souvient le Dr Serdar Dalkilic, actuel président du SNPAC, mes amis les plus proches me disaient : "Serdar, tu es toujours dans les nuages, descends un peu sur terre, on n'aura jamais rien" . Je leur répondais que si ; médecins ou chirurgiens de qualité, nous aurions quelque chose ». Au vu des résultats, ce « quelque chose » s'est révélé plus que consistant.
Qu'en retenir ? « D'abord, répond tout de go le Dr Dalkilic, la victoire de l'inscription à l'Ordre. »« Nous avons obtenu d'être "docteurs" . C'est notre honneur, notre fierté. La situation était tellement bizarre avant cela ! On pouvait soigner les gens à l'hôpital, mais dès qu'on en franchissait la porte, on n'était plus médecin. » Le Dr Hani-Jean Tawil, précédent président du SNPAC, insiste : « Et nous ne sommes pas devenus médecins par décret ! Ce sont nos confrères, réunis en commission de qualification, qui nous ont reconnus. »
Le SNPAC, un syndicat qui se saborde
Demain, en assemblée générale, les adhérents du SNPAC parmi lesquels, ils aiment à le souligner, se côtoient en toute intelligence Turcs et Arméniens, Libanais, Syriens et d'autres, vont voter... leur pure et simple disparition. Les cadres du syndicat ne vont pas pour autant s'égailler dans la nature. Il leur reste du pain sur la planche. En effet, pour des raisons administratives ou parce qu'ils ont échoué aux épreuves que la France leur a demandé de passer pour qu'ils soient intégrés, entre 2 000 et 3 000 médecins à diplôme étranger sont restés sur le carreau. Le SNPAC veut trouver une solution pour eux. Son président explique : « Ce qui nous a tous réunis, c'est la souffrance. Nous avons tous souffert de la situation professionnelle qui était la nôtre. Certains d'entre nous se sont suicidés ! Tant que certains de mes collègues souffriront, je ne serai pas satisfait ».
Fort de son expérience syndicale, le SNPAC veut aussi « chaperonner » les derniers arrivés et les futurs arrivants, pour lesquels un nouveau statut est en voie d'élaboration. Il veut rassembler les sages-femmes diplômées hors d'Europe - elles seraient nombreuses -, les dentistes, les pharmaciens. Une nouvelle organisation devrait donc vite voir le jour. Mais c'est une autre histoire.
(1) Les comptes ne sont pas ronds dans la mesure où un médecin est à la fois PAC et PH, peut être PAC et titulaire du CSCT.
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