ON RECENSE aujourd'hui quelque 2 000 médecins coordonnateurs en France.
Née avec l'arrêté du 26 avril 1999, relatif aux conventions conclues en établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), cette jeune profession attend le décret qui doit être publié au début de l'année prochaine et doit préciser ses missions. Le médecin doit être, en fait, le formateur de tout le personnel des établissements à la bonne gériatrie.
L'absence de réglementation précise n'a pas empêché les médecins coordonnateurs de travailler, ni de se passionner pour leur tâche. C'est l'un des points forts qui ressort de l'enquête nationale du « Journal du Médecin coordonnateur » et qui a été présentée lors des Assises (1) : 73 % des professionnels se disent « passionnés par leur mission ». Et si 17 % s'avouent « déçus », c'est bien souvent, expliquent-ils, par manque de temps pour s'y consacrer pleinement.
Un généraliste de plus de 45 ans.
Si l'on brosse un portrait type du médecin coordonnateur, il s'agit d'abord d'un homme de plus de 45 ans, généraliste en ville, travaillant moins de trois demi-journées par semaine en Ehpad, globalement satisfait de sa rémunération et de sa mission.
Les résultats de l'enquête sont évidemment plus nuancés. 34 % des médecins coordonnateurs sont des femmes, soit à peu près le même pourcentage que dans l'ensemble de la population médicale. A parité dans la tranche d'âge des 35-45 ans, les femmes constituent la quasi-totalité des moins de 35 ans qui ont répondu au questionnaire, et qui ne représentent que 5,5 % des médecins interrogés. En effet, près de la moitié (46 %) des médecins coordonnateurs ont entre 45 et 55 ans ; 25 % d'entre eux ont entre 35 et 45 ans, et 23 %, plus de 55 ans.
Les généralistes dominent très largement cette population, avec 94 % du total. Les trois quarts sont titulaires d'un diplôme de gériatrie ou de gérontologie. Parmi ceux qui ne sont pas diplômés dans cette discipline, 80 % suivent une formation (la capacité de gériatrie pour 40 % d'entre eux, le DU de médecin coordonnateur pour 30 %) et 12 % ont prévu de le faire. Près de 66 % de ces médecins exerçaient en ville avant d'acquérir la fonction de médecin coordonnateur, et beaucoup ont d'ailleurs conservé cette activité en parallèle à leur travail en Ehpad ; 13 % sont issus du milieu hospitalier et 8 % exerçaient auparavant en cure médicale.
Dans 76 % des cas, les médecins coordonnateurs travaillent dans un seul établissement. Ils sont 18 % à exercer leurs fonctions dans deux établissements à la fois et seulement 4 % dans trois établissements. Une infime partie d'entre eux travaillent dans plus de quatre structures différentes. Les 290 établissements où travaillent les médecins enquêtés sont de taille très hétérogène : depuis 13 lits jusqu'à 315 lits. Aucun profil ne domine réellement. Toutefois, 38 % des médecins interrogés travaillent dans une structure de la catégorie 50-80 lits, 19 % dans la catégorie 80-100 lits, 16 % dans celle des 100-150 lits et 11 % dans les moins de 50 lits. Ces établissements sont presque tous médicalisés : 80 % d'entre eux ont déjà signé leur convention, et parmi ceux qui ne l'ont pas fait 73 % disposent d'une section de cure médicale. Sur ces 290 établissements, 46 % appartiennent au secteur public, 32 % au secteur associatif et 20 % au secteur privé.
Une mission plébiscitée, mais insuffisamment budgetisée.
En matière de temps de travail, les situations varient d'un extrême à l'autre. Cependant, le tiers des médecins interrogés passe une ou deux demi-journées par semaine dans un établissement de 50-80 lits en moyenne. Près du quart d'entre eux y passe deux ou trois demi-journées. Un cinquième travaillent à mi-temps dnas un établissement, de 80 à 150 lits dans la plupart des cas. Quant à ceux qui travaillent à plein-temps, il s'agit, huit fois sur six, de médecins qui exercent dans plusieurs structures et qui s'occupent au minimum de 140 lits et au maximum de 557 lits. La rémunération se révèle tout aussi hétérogène : un tiers des praticiens touchent entre 21 et 30 euros de l'heure, 20 %, de 31 à 40 euros de l'heure, et 10 %, moins de 20 euros de l'heure ; 36 % des médecins coordonnateurs estiment leur rémunération insuffisante (« largement insuffisante » dans 14 % des cas), contre 43 % qui la jugent convenable. Temps de travail et rémunération sont le point noir de cette enquête : faute de budgets suffisants, les médecins coordonnateurs ne bénéficient pas du temps de travail nécessaire pour mener à bien leurs missions ; le plus souvent, ils sont donc amenés à effectuer des heures supplémentaires, non rémunérées, dans la plupart des cas.
Le travail lui-même est jugé assez ou très intéressant dans l'ensemble. « Elaboration du projet de soins », « évaluation de l'état des résidents », « application des bonnes pratiques gériatriques » et « promotion de la formation des soignants » sont les missions les plus plébiscitées. En revanche, celle qui passionne le moins est la « rédaction du rapport médical annuel ». Les appréciations sur la « coordination des intervenants salariés ou libéraux » sont également mitigées. Pourtant, les relations avec les professionnels du secteur sont jugées assez satisfaisantes. Dans neuf cas sur dix, les relations sont au beau fixe avec le directeur d'établissement. Avec le personnel, le taux de satisfaction atteint 96 %, grâce notamment au « travail d'équipe » et à « une bonne coordination ». C'est avec les confrères libéraux que les médecins coordonnateurs rencontrent le plus de difficultés : ici, les relations sont jugées « passables » dans 20 % des cas et même « problématiques » (7 %). Parmi les raisons invoquées, une fonction de médecin coordonnateur encore « mal comprise », voire « mal vécue », par des libéraux qui semblent souvent mal informés sur le rôle de médecin coordonnateur.
* L'enquête du « Journal du Médecin coordonnateur » s'appuie sur 220 questionnaires, provenant de 73 départements différents, reçus entre juillet et novembre 2004. Les 220 médecins coordonnateurs interrogés travaillent dans 290 établissements, ce qui représente un total de 25 782 lits.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature