A eux tous, les animateurs du mouvement « Santé en action » affirment représenter 800 000 personnes. Cela, estiment-ils, leur donne « une certaine légitimité » à formuler des propositions pour l'avenir du système de soins.
Après avoir mené ensemble des campagnes antimaîtrise des dépenses de santé (« le Quotidien » du 16 novembre) à la fin de l'année dernière, le Centre national des professions de santé (CNPS), le Syndicat national de l'industrie pharmaceutique (SNIP), le Syndicat national des industries et technologies médicales (SNITEM) et la Fédération de l'hospitalisation privée (FHP) sont donc passés à l'acte. Ils ont rédigé de concert « 15 propositions pour replacer le patient au centre de notre dispositif de soins » et vont utiliser ce projet pour interpeller les candidats aux élections présidentielle et législatives - une journée de discussion avec les hommes politiques est d'ores et déjà programmée pour le 9 avril.
Quatre lignes de force guident les initiatives qui, selon le président du CNPS, Jacques Reignault, doivent permettre de réconcilier « ressources de la protection sociale et besoins de santé, de recherche et d'innovation des Français » : la « responsabilité », la « qualité », la « complémentarité » et l' « égalité ».
Le mouvement « Santé en action » se montre en premier lieu très désireux d'apprendre aux Français qu'ils ont, au même titre que les professionnels, des devoirs en matière de santé. Ce souci apparaît dans plusieurs de ses propositions. L'une d'elles, par exemple, prône « un véritable processus de consultation et de responsabilisation des Français sur la santé », en suggérant que les représentants de la société civile soient entendus dans le cadre des conférences régionales de santé et que le « patient-citoyen » soit incité au « bon usage du système de santé », « de ses structures, de ses produits et de ses prestations », précise le Dr Claude Maffioli, président pour quelques jours encore de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF). Afin d'inviter les malades à « consommer mieux », le groupe n'exclut pas l'idée d'instaurer des « bonus » au remboursement. Une autre proposition met l'accent sur le nécessaire « accès égal des patients à l'expression et à l'éducation sanitaires ». « Santé en Action » suggère dans ce cadre que des incitations fiscales au développement des associations de patients soient inventées.
En outre, animés par le désir d'assister à un « vrai débat parlementaire » sur les questions de santé et surtout sur les moyens qui sont dévolus à la santé, les acteurs du secteur privé proposent de modifier de fond en comble les modalités d'élaboration du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), qu'ils voudraient bien transformer au passage en projet de « loi de programmation pluriannuelle ».
Pour un niveau réaliste de dépenses
En matière de dépenses, le CNPS, le SNIP, le SNITEM et la FHP n'ont pas changé d'avis depuis quatre mois. Il faut « déterminer un niveau réaliste, insiste Jacques Reignault. Pour le médicament, par exemple, le niveau de croissance annuelle des besoins se situe pour tous les experts, en raison de l'évolution structurelle de la population et du progrès thérapeutique, entre 7 et 9 %. Or on essaie systématiquement de le fixer à 3 % ».
Partisan d'un « ministère de la Santé à part entière », le groupe « Santé en Action » souligne qu'il ne souhaite pas que cette indépendance soit acquise « dans le but d'étatiser la santé ». « L'Etat doit rester le partenaire conventionnel des industries de santé, les caisses celui des professionnels de santé », assène le Dr Maffioli.
En matière de recherche. La promotion d'une « recherche au service de tous » fait l'objet d'une longue proposition. « Il nous faut travailler de plus en plus en concertation avec les pouvoirs publics », commente le président du SNIP, Jean-Pierre Cassan, qui rappelle que « 15 % du budget de recherche français sont consacrés à la santé » et que la France accuse aujourd'hui « un retard de plus en plus important vis-à-vis des Etats-Unis et même de certains pays européens ».
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