«NOUS SOMMES MAINTENANT très nombreux et nous devons nous livrer à une compétition intensive entre nous», témoigne le Dr Hou-Chaung Chen, chirurgien à la Taïwan International Health Action. A 37 ans, marié et père de quatre enfants, ce chirurgien, formé à la faculté de Taipei (sept ans de cursus général, puis six ans de spécialisation), ne cache pas que l'exercice professionnel dans la capitale taïwanaise le soumet, comme ses confrères, à un rythme harassant : des journées de travail d'au moins douze heures, avec des patients qui se succèdent toutes les dix minutes, six jours par semaine. Les honoraires, fixés par le National Health Insurance (NIH), le système de santé obligatoire mis en place en 1995, sont fixés à 150 NT dollars (environ 6 euros), ce qui permet à un praticien comme le Dr Chen de dégager un revenu mensuel de l'ordre de 100 000 NT dollars (environ 2 500 euros, le double du salaire d'un cadre moyen).
«Quatre-vingts pour cent des Taïwanais se déclarent satisfaits du NIH», assure le Pr Yuan, directeur du département de la santé, qui précise que 60 % des cotisations sont payées par les entreprises, 30 % par les salariés et 10 % par l'Etat. Depuis l'an dernier, les assurés disposent d'une carte informatisée délivrée par le NIH, sur laquelle est mémorisé leur dossier médical.
Un médecin pour 660 habitants.
Taïwan compte 220 000 professionnels de santé, et 560 hôpitaux, publics et privés. Avec un médecin pour 660 habitants, le pays ne souffre plus de la pénurie médicale qui a longtemps régné sur l'île. Les scores de santé se situent à présent à des niveaux somme toute semblables à ceux connus dans les pays occidentaux : l'espérance de vie atteint 79 ans pour les femmes et 74 ans pour les hommes. Variole, paludisme et poliomyélite ont été éradiqués. Les systèmes de protection instaurés contre le risque de grippe aviaire ont, à ce jour, permis à un pays situé aux avant-postes de la pandémie, de rester indemne, tant sur le plan animal (les élevages avicoles sont protégés par des filets) que sur le plan humain (les aéroports sont équipés de thermomètres-laser qui détectent instantanément tous les voyageurs fébriles).
Manifestement, les autorités de santé publique vivent leur voisinage avec la Chine continentale comme un état de siège sanitaire. A côté de la menace atomique, la menace virale n'est pas moins source de hantise. Des médecins, à commencer par le président de l'association médicale de Taïwan, le Dr Wu Yung Tung, n'hésitent pas à affirmer que «des maladies mystérieuses affectent les habitants de la république populaire de Chine».
Ce qui n'empêche pas le Dr Hou-Chaung Chen de croire en la réunification : «Un jour, j'en suis convaincu, confie-t-il, il me sera possible d'exercer sur le continent. Et, en attendant, nous sommes appelés à partager nos expériences et à travailler ensemble. C'est le cas, actuellement, avec un projet d'action humanitaire au Tibet.»
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature