La Fédération des médecins de France (FMF) a décidé d’entrer prématurément en campagne pour les prochaines élections professionnelles (2015...). Le syndicat est bien décidé à faire entendre sa voix, las de ne pas être consulté par le ministère de la Santé, notamment sur la future stratégie nationale de santé dont Marisol Touraine dévoilera les grandes lignes lundi prochain.
Pour mobiliser ses troupes, l’organisation entame un tour des régions à Compiègne, ce jeudi. La FMF peaufinera sa stratégie à Tours les 5 et 6 octobre, première étape vers le scrutin des unions régionales des professionnels de santé (URPS) qui devrait se tenir à la fin 2015.
La question de la valeur des actes médicaux reste cruciale. À l’origine de la création du secteur II en 1980, la FMF repositionne son discours sur la valorisation urgente des tarifs opposables, jugés indécents. « Nous voulons rappeler à la France que 75 % des médecins libéraux exercent en secteur I avec des tarifs indignes de leur responsabilité », clame le Dr Jean-Paul Hamon, président du syndicat.
Un front des libéraux
Une seconde rupture symbolique a été franchie. Après avoir, pendant plusieurs années, affiché une proximité stratégique avec MG France, notamment dans la contestation de la convention de 2005, la FMF se démarque du syndicat de généralistes et joue sa propre carte.
Ainsi la FMF ne fait pas partie du nouveau "front" généraliste qui rassemble, aux côtés de MG France, des représentants des médecins (SMG, USCMS), des étudiants (ANEMF), des internes (ISNAR-IMG), des jeunes professionnels (SNJMG et REAGJIR) ou encore des enseignants (CNGE et SNEMG). « Nous considérons que ce n’est pas un front des seuls généralistes mais bien un front des libéraux qu’il faut monter car si les généralistes n’ont pas de spécialistes de proximité demain, la médecine libérale coulera ! », explique le Dr Hamon.
Le CAS ne passe pas
Les thèmes de campagne ne manquent pas. La FMF veut remettre à plat la formation initiale et continue, abandonner le DMP mal ficelé, abolir les « pleins pouvoirs » des directeurs des caisses primaires.
Elle rêve toujours de supprimer l’avenant 8 et le nouveau contrat d’accès aux soins (CAS), qui devrait se mettre en place prochainement. « Ceux qui l’ont signé sont soit des généralistes de secteur II proches de la retraite, soit des spécialistes qui dépassent peu, affirme son président. Ce n’est pas parce que 30 % des médecins de secteur II qui sont des petits dépasseurs ont signé le CAS que l’on va régler l’accès aux soins en France ».
La « chasse » aux 5 % de praticiens qui dépassent le plus dans chaque département exaspère le généraliste de Clamart. « Certains praticiens sont traités comme des délinquants et poursuivis en Bretagne pour des dépassements de 25 % quand, à Paris, on peut dépasser de 125 % sans être inquiété », peste le Dr Hamon.
Conscient des rapports de forces, le patron de la FMF sait qu’un score solide aux élections professionnelles permet de peser davantage et d’être entendu. « On a pris une "taule" en décembre 2010 », admet le Dr Hamon, décidé à prendre sa revanche. Un bon résultat permettrait sans doute à la FMF de rencontrer plus souvent le ministre de la Santé.
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