Dans un communiqué réagissant au rapport Vigier, le Collège de médecine générale fait un pied de nez aux a priori fréquemment entendus sur la médecine générale, censés expliquer les déserts médicaux et la crise de cette spécialité.
1. « Les médecins généralistes ne travaillent plus… Ils voient les patients à la volée… »
Les médecins généralistes français travaillent en moyenne 55 à 59 heures par semaine, avec une durée moyenne de consultation (16,4 min) parmi les plus longues d’Europe (10,7 min) et du monde (5 minutes). L’activité des jeunes installés surpasse celle des plus anciens au moment de leur installation.
2. « La féminisation aggrave le phénomène… »
Plus faible en début d’installation, le niveau d’activité des femmes rattrape ensuite celui des hommes.
3. « Les recours injustifiés aux urgences sont dus aux généralistes qui ne font pas leur travail. »
Seuls 7,5 % des patients se présentant aux urgences ont appelé un médecin au préalable. En France comme dans d’autres pays développés, le recours aux urgences augmente constamment, mais on ignore si un lien est à faire avec le recours au non-urgent. Les urgences sont pleines pendant les heures ouvrables des cabinets médicaux.
4. « Le développement de la régulation au centre 15 empêchera les recours injustifiés aux urgences. »
La médecine a besoin des cinq sens pour statuer. Au téléphone, le médecin régulateur oriente souvent vers une structure où un simple examen aurait exclu l’urgence.
5. « Les déserts médicaux sont à la campagne… les généralistes sont trop nombreux dans les zones ensoleillées… Une répartition égalitaire sur le territoire réglera le problème… »
Les zones spécifiquement déficitaires touchent aussi bien les villes que les campagnes : un quart de la population vivant en sous-dense est un urbain. Les inégalités de répartition sont infra-départementales : les inégalités de densités départementales n’ont pas augmenté depuis les années quatre-vingt. Les difficultés d’accès ressenties par la population ne correspondent pas aux zones déficitaires : une répartition égalitaire aggraverait la situation pour bon nombre d’habitants qui se sentent déjà en difficulté d’accès au généraliste.
On souffre avant tout d’un manque général de généralistes, conclut le Collège : « Les 10 % des personnes les mieux loties ont une accessibilité égale à 5,7 consultations par an et par habitant, tandis que les 10 % les moins favorisés ont accès à 2,7 consultations par an et par habitant. La France perd près de 1 000 médecins généralistes par an (97 012 en 2007 vs 88 137 en 2017). Cette baisse devrait se poursuivre jusqu’en 2025. Le numerus clausus régulant l’entrée dans les études médicales depuis 1971 a été drastiquement diminué jusqu’à la fin des années 1990, ne revenant à son niveau initial qu’aujourd’hui. »
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