Matières toxiques, infectieuses, radioactives, corrosives, comburantes, inflammables, les cales des bateaux de la marine marchande ou des navires militaires abritent parfois des marchandises extrêmement dangereuses.
Les réglementations « transport » actuelles contribuent à la prévention des risques chimiques et physiques : recommandations concernant la formation des navigants ; définition de règles de construction des navires et des conteneurs ; précisions des règlements d'exploitation. Mais, souligne Olga Pestelle Lefèvre, chargée du transport des marchandises dangereuses au bureau du contrôle des navires à la direction des Affaires maritimes et des Gens de mer, il reste beaucoup à faire : il faut harmoniser mondialement les critères de classification des produits ; partager les données entre les experts du transport, qu'il s'agisse de la santé, des conditions de travail ou de l'environnement ; et prendre en compte les nouveaux risques.
Évaluer pour mieux prévenir
L'évaluation des risques chimiques pour la santé des professionnels apporte, grâce à des prélèvements, des indicateurs environnementaux (connaissances nécessaires de l'exposition) et sanitaires. On obtient une échelle d'évaluation de l'exposition, une autre de la dose interne dans l'organisme du marin et une idée de la dose biologique active. Cette surveillance biologique en cas d'exposition assure un suivi médical aux travailleurs. Elle a donc un intérêt, par exemple si la voie d'entrée de la matière toxique n'est pas exclusivement respiratoire (cutanée), et encore plus si on connaît l'état de santé général du professionnel (habitudes alimentaires, hygiène de vie, maladies, etc.) et si on prend en compte les conditions réelles d'exposition (hygiène, activité physique).
Mais cette surveillance à l'exposition a aussi ses limites. La fiabilité du prélèvement est fonction des conditions de ce même prélèvement, du matériel et des horaires. Elle doit aussi tenir compte de certaines caractéristiques propres aux individus : onychophagie, tabagisme. La prudence est donc de mise dans l'interprétation des dosages.
Mise en place d'outils
La médecine du travail des gens de mer joue alors un rôle essentiel pour assurer la prescription, interpréter les résultats et les restituer aux individus.
De son côté, la surveillance biologique progresse en analyse, en savoir-faire et en réglementation, et contribue à la recherche de l'équilibre entre les astreintes, les contraintes et les qualités du travailleur pour pouvoir décider ensuite des aptitudes professionnelles. Le port de protections, combinaison et masque, fait aussi l'objet d'études qui englobent des paramètres plus larges comme le stress du travail, la remontée difficile sur les échelles depuis les fonds de cale, le déshabillage et la quantité d'effort fourni par rapport au rythme cardiaque.
Actuellement, les pistes de travail établies par le directeur des Affaires maritimes et des gens de mer pour améliorer cette prévention s'articulent autour d'une meilleure sensibilisation des armateurs, de la définition précise de fiches de postes et de la mise en uvre de moyens pour recenser tous les composants des produits dangereux et les centraliser afin d'établir une meilleure base de données.
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