Au Cameroun, la médecine de catastrophe n'est pas un luxe. C'est un véritable enjeu de santé publique, dans un pays où les tumultes de la nature (volcan du mont Cameroun, émissions de gaz toxiques du lac Nyos, inondations) s'ajoutent aux méfaits de la civilisation (accidents sur des routes meurtrières, risques industriels et insécurité).
Aussi est née entre autorités médicales de Paris et de Yaoundé l'idée de créer une formation de haut niveau en médecine de catastrophe pour des étudiants camerounais soigneusement sélectionnés, qui deviendraient ensuite autant d'experts et de formateurs pour leur pays et ceux de la région.
C'est le SAMU social international (SSI) de Xavier Emmanuelli qui a porté le projet et l'a mené à bien dans le cadre d'une convention interuniversitaire entre la faculté de médecine de Créteil (berceau de l'enseignement de médecine de catastrophe) et la faculté de Yaoundé.
Le maître d'uvre de cet enseignement, le Dr Catherine Bertrand, chef du service d'anesthésie-réanimation de Créteil, est passionnée de pédagogie. En faisant venir à Yaoundé, pour des séminaires de cinq jours, des experts des principaux SAMU de France et de Belgique, elle a organisé 15 modules d'enseignement sur deux ans selon un cursus équivalent à celui des « capacités en médecine de catastrophe » délivrées dans les facultés françaises.
« Un enseignement particulièrement soigné, exigeant, presque un luxe », selon les organisateurs français, qui chiffrent à plus de 300 000 euros le coût de l'opération, si, en plus des financements privés venus du SSI, les apports en nature et le travail bénévole des enseignants avaient dû être pris en compte.
Un accident simulé
Les deux ans de formation se sont terminés de façon spectaculaire sur la base militaire de Cambrai, au cours d'un exercice de simulation. Un accident majeur (collision entre un bus et un camion-citerne), mis en scène avec l'aide logistique et matérielle de l'armée et des pompiers, ainsi que le concours de jeunes militaires jouant le rôle des victimes, a permis aux 27 nouveaux « catastrophistes » camerounais de faire la preuve de leurs nouvelles compétences.
Lors de la remise des diplômes à Yaoundé, le doyen français, Jean-Paul le Bourgeois, et le doyen camerounais, Peter Ndumbe, ont annoncé avec Xavier Emmanuelli leur intention de poursuivre leur coopération pour un nouvel enseignement de médecine de catastrophe, dès la rentrée prochaine.
Les mémoires des 27 lauréats fraîchement diplômés serviront, par leur qualité et leur excellente prise en compte des réalités du pays, à construire sur mesure les nouveaux programmes.
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