LES DEUX PREMIÈRES réunions techniques consacrées au parcours de soins coordonné et à la classification commune des actes médicaux (Ccam) ont plutôt déçu les médecins syndicalistes qui y ont participé.
Le groupe de travail consacré au dispositif du médecin traitant a été marqué par le coup de colère de l'Union collégiale des chirurgiens et spécialistes français (Uccsf-Alliance) contre le futur parcours de soins fléché. L'Uccsf redoute que la priorité donnée au médecin généraliste en premier recours représente « une perte de chance » pour les patients, du fait des possibles « retards de diagnostic » et « explorations complémentaires inadaptées ». De plus, dans un communiqué cosigné avec l'Union des chirurgiens de France (UCF), l'Uccsf fait valoir que, « dans de nombreuses spécialités médicales et chirurgicales (...), l'appréciation du suivi ne peut se faire que par l'expert ». L'Uccsf et l'UCF « disent oui à la bonne coordination entre acteurs de santé », mais dénoncent « une atteinte à la sécurité globale des Français induite par la conception d'un parcours contraint ».
« On n'a jamais voulu limiter l'accès aux spécialistes », réplique, pour sa part, Dino Cabrera, président du Syndicat des médecins libéraux (SML). Du côté de la Confédération des syndicats médicaux français (Csmf), le Dr Michel Combier « n'est pas contre l'accès direct aux spécialistes dans le cadre de protocoles de soins », du moment que la « fiabilité du retour d'informations » au médecin traitant est garantie. Un avis partagé par le Dr Jean-Paul Hamon de la Fédération des médecins de France (FMF), qui souhaite une « obligation de coordination » de tous les spécialistes, qu'ils soient consultés directement ou non.
Le problème de la Ccam.
Même s'il n'y a « pas de gros écueil » en vue sur la coordination, le secrétaire général adjoint de MG-France, Arnaud Tesmoingt, constate que « la négociation va être un peu difficile pour que nous ayons tous le même objectif » sur le parcours de soins coordonné. La réunion a été jugée globalement sans intérêt, dès lors que les débats ont, selon le Dr Hamon, « buté sur les tarifs » sans pouvoir traiter la question. Le vice-président de la FMF souligne qu'il ne faut « pas penser que le médecin généraliste aura davantage d'activité (en tant que médecin traitant) et que c'est là-dessus qu'il va se payer ». A défaut de valorisation substantielle de la fonction du médecin traitant, la branche généraliste de la FMF incitera tous ses membres à « demander d'adhérer à l'option référent » (rémunérée 46 euros par an et par patient), prévient Jean-Paul Hamon.
Le groupe de travail consacré à la Ccam technique s'est révélé finalement plus consensuel, sans doute parce qu'il s'agissait de régler les modalités d'un statu quo. Alain Ricci, expert de la Ccam à l'Uccsf-Alliance, retient que « la grosse avancée » de cette première réunion (qui sera suivie d'une autre mercredi prochain) était « l'acceptation par tous de la mise en route de la Ccam technique sur la base de l'existant », et donc sur la base des tarifs de la nomenclature Ngap actuellement en vigueur. Le codage Ccam commencerait dès janvier dans les établissements et serait généralisé au 1er mars 2005 (date retenue pour le basculement des cliniques à la tarification à l'activité ou T2A). Ce « système temporaire », dans lequel « aucune spécialité n'aurait de pertes ni de gains », pourrait durer à son avis « jusqu'en septembre 2005 ».
A l'Umespe, la branche spécialiste de la Csmf, le Dr Jean-François Rey affirme au contraire avoir reçu l'assurance qu'il y aura quand même des spécialités « gagnantes au 1er mars 2005 », après négociation d'une enveloppe supplémentaire (évaluée à 180 millions d'euros).
Dans ce contexte, le Dr Ricci et le Dr Rey s'étonnent en tout cas que les anesthésistes libéraux partent en grève à l'appel de la Cnamlib du 6 au 12 décembre (« le Quotidien » des 19 et 24 novembre) puisque le problème de la décotation de leurs actes dans la Ccam « est déjà résolu ».
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