ILS NE REPRESENTENT certes qu'une petite minorité de médecins généralistes (moins de 10 %).
Un peu plus de 6 000 praticiens qui ont choisi librement le dispositif du médecin référent, des convaincus de la première heure (1998), mais parfois aussi de la dernière (certains ont adhéré juste avant la nouvelle convention). Un système exclusivement porté par MG-France dans le cadre de la convention spécifique et sur lequel les autres syndicats n'ont cessé de tirer à boulets rouges, stigmatisant une « médecine de caisse », un référent « déférent », une filière « administrative » et le premier pas vers la capitation et le tiers-payant généralisé.
Il demeure que la grande majorité des généralistes concernés vivent comme un affront la disparition programmée, en deux ans, d'une option qui implique également un million de patients. Car il en va ainsi : le médecin traitant promu dans la nouvelle convention unique enterre sans fleurs ni couronnes le médecin référent de la convention généraliste. En position de force lors des négociations conventionnelles, la Csmf et le SML ont exigé et obtenu cet arbitrage très symbolique. « Dogmatique », corrigent les référents. Les modalités de convergence des deux dispositifs à l'horizon 2006 seront fixés par avenant conventionnel, au plus tard le 15 novembre prochain. En attendant, aucune nouvelle adhésion de médecin ni de patient ne pourra être demandée. Et les contrats actuels des assurés « abonnés » ne peuvent faire l'objet que d'un renouvellement.
7 000 euros de forfaits par an.
La couleuvre est un peu grosse à avaler. Les généralistes référents, qui forment le noyau dur de la contestation actuelle ont rôdé leurs arguments. Ils expliquent qu'ils ont incarné, pendant sept années pour certains, les principes qu'on met aujourd'hui en avant : meilleure coordination des soins autour du médecin généraliste, gestion informatisée du dossier médical, retour d'informations et efforts de maîtrise médicalisée (promotion des génériques, recommandations de bonnes pratiques, prévention, seuil maximal d'activité fixé à 7 500 actes en C+V...). Même si certains référents étaient d'abord intéressés par le supplément de revenus occasionné par cette formule d'abonnement des patients à l'année, renouvelable.
La différence, à leurs yeux, avec le médecin traitant ? Eux étaient volontaires, forcément généralistes (alors que 5 à 10 % des médecins traitants seront spécialistes) et correctement rémunérés pour la fonction de synthèse et de suivi via un forfait annuel de 45,74 euros par patient inscrit. Des forfaits qui représentent en moyenne 7 070 euros par médecin référent, soit près de 6 % de leurs honoraires. Du coup, la majorité d'entre eux redoutent un manque à gagner financier avec la fin de l'option, non négligeable pour ceux qui ont plusieurs centaines de patients en contrat (la moyenne est de 200). Le nouveau forfait ALD affection de longue durée) de 40 euros ne représente en effet qu'une compensation partielle, menaçant parfois l'équilibre économique de leurs cabinets.
Revanche.
Conscient de ce couac politique, le gouvernement a tenté de calmer le jeu. Le médecin traitant, répètent les ministres de tutelle, est l'avenir du médecin référent. La transition s'effectuera dans de bonnes conditions. Quant à la remise en cause de la procédure de dispense d'avance des frais pour les plus démunis, Philippe Douste-Blazy a partiellement désamorcé les critiques, en étendant le tiers payant à deux millions de personnes.
Mais le malaise persiste. Difficile d'expliquer, même à une minorité, qu'on lui supprime un avantage acquis.
De leur côté, les adversaires de l'option rappellent à juste titre qu'aucune étude qualitative indiscutable n'a jamais permis d'évaluer la formule. Et que les médecins référents n'avaient pas le monopole de la juste prescription, des bonnes pratiques et de la FMC. La Csmf explique surtout que la « filière » du médecin référent est contradictoire avec la logique « réseau » du médecin traitant. Impossible, donc, de faire cohabiter les deux.
Revanche brutale des adversaires de MG-France ou extinction logique d'un dispositif qui n'a jamais su convaincre la profession au-delà des marges ? Chacun jugera. Les organisations majoritaires ont gagné cette bataille : dans moins de deux ans, feu le médecin référent fera partie de l'histoire conventionnelle.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature