Pour mieux cerner les transformations récentes de la relation médecin-malade - dont nul praticien ne niera l'importance -, le Dr Mike Magee n'a pas hésité à lancer une enquête dans six pays de quatre continents. Le Dr Magee est membre de l'Association médicale mondiale (Senior Fellow in the Humanities) et directeur de la Pfizer Medical Humanities Initiative. Et c'est à l'assemblée générale de l'AMM, qui se tient actuellement à Helsinki, qu'il a présenté les résultats de cette enquête originale.
Les données sont celles de 3 707 entretiens réalisés avec des généralistes et des patients américains, britanniques, canadiens, allemands, sud-africains et japonais. Intérêt supplémentaire de l'enquête : replacer la relation médecin-malade dans l'ensemble des relations individuelles ou familiales.
C'est ainsi que la relation médecin-malade apparaît comme la deuxième plus importante, derrière les relations familiales (voir encadré). Les médecins restent la principale source d'information sur la santé, celle qui est considérée comme la plus sûre et la plus apte à entraîner des modifications positives des comportements. Pour autant, le praticien a rarement aujourd'hui, quel que soit le pays, une attitude autoritaire ou paternaliste. Médecin et malade sont de plus en plus des partenaires, les membres d'une même équipe et dans tous les pays les personnes interrogées voient ce modèle devenir dominant.
La plupart des patients le disent : par rapport à il y a dix ans, ils posent plus de questions, font plus de choix, évaluent activement bénéfices et risques et prennent davantage soin de leur santé. Et seuls les Japonais n'ont pas confiance en eux-mêmes pour prendre en charge leur propre santé.
Un bémol à ce tableau idyllique : dans cinq des six pays où a eu lieu l'enquête, les médecins sont moins confiants dans la capacité des patients à se prendre en charge.
Dans l'ensemble, les qualités de compassion, de patience et d'écoute des praticiens sont mieux notées par les patients que l'accès à la consultation ou ses résultats (prise de rendez-vous, temps passé, choix du traitement, choix du spécialiste). Là encore, il y a un décalage entre la perception des uns et celle des autres, les praticiens notant plus haut la confiance qu'ils sont censées susciter que les patients.
« La relation patient-médecin fait partie des fondations cruciales des sociétés stables, commente le Dr Magee. En plus du diagnostic, du traitement et de la prévention, elle renforce les liens familiaux, aborde les peurs et les soucis quotidiens et aide à fortifier la confiance et la volonté d'investir dans le futur. » Une valeur ajoutée apportée par le système de soins et qui mérite qu'on investisse en lui, conclut le praticien.
Au deuxième rang des relations
La relation médecin-patient est considérée comme très importante par 78 % des malades aux Etats-Unis, 63 % au Royaume-Uni, 74 % au Canada, 72 % en Allemagne et 80 % en Afrique du Sud. Elle vient en deuxième position derrière les relations familiales (95 % des Américains), loin devant les relations spirituelles (56 %), de travail (51 %) ou financières (43 %).
Toujours aux Etats-Unis, les patients ont beaucoup plus confiance en leur médecin qu'en leurs gouvernants (+ 39 %), l'industrie (+ 56 %), le secteur financier (+ 35 %) ou la communauté religieuse (+ 23 %) ou même les hôpitaux (+ 17 %).
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