Dans le courrier des lecteurs du n* 2608, le Dr Adenis-Lamarre nous expliquait sa nouvelle situation de médecin parti à la retraite et passé à l’état de patient à la suite d’une colique néphrétique, ce qui lui a permis de voir le système de soins par le bord opposé. Mais son histoire avec les médecins ne s’est pas arrêtée là puisqu’on a découvert au décours de son hospitalisation un cancer du rein.
À leur crédit, la découverte d’un cancer du rein de 60 mm ! Anesthésie au top, intervention au top, pas le moindre effet secondaire. Par contre, je ne m’y attendais pas, le matin du quatrième jour, j’ai commencé à « craquer »! Ce n’est que le lendemain matin qu’une aide soignante a remarqué, suscité une écoute, sans critique ni jugement, ni essai de solution au pseudo-problème que j’avais construit dans un mélange de faits et de réflexions, ce qui aurait alors créé un vrai problème (s’il n’y a pas de solution, c’est qu’il n’y a pas de problème), a rajouté d’autres faits à ma construction pour que ce pseudo-problème s’écroule sur lui-même, et m’a fait dévier sur le sens de la vie (de parents aux enfants puis aux petits enfants) : « Vous avez des petits-enfants, c’est ce qu’il y a de plus beau ! » En même temps, je lisais un article de la revue « Chasseur d’images », où il était exposé qu’une photo techniquement impeccable pouvait laisser indifférente tant qu’il n’y avait pas ce petit plus qui crée l’émotion et qui fait toute la différence! Le référentiel est respecté, la technique irréprochable, ce qui fait la différence entre un technicien de santé même de haut niveau et un médecin est de même ordre. J’avais trouvé au hasard un médecin dans une équipe de techniciens. Les tutelles ont besoins de techniciens et de référentiels pour mesurer et faire des statistiques, le patient a lui parfois sinon souvent besoin d’avoir affaire à ce qui est personnel et qui n’est pas mesurable. Le sommeil est revenu, j’ai trouvé que la nourriture n’était pas si mauvaise que cela, grâce à cette aide-soignante, la note que j’ai donné en sortie à l’hôpital fut excellente.
J’ai discuté avec un patient d’une autre chambre, opéré comme moi d’un cancer du rein, par un autre chirurgien, et qui est resté une journée de plus. Je pense que c’est un jeu de garçon de comparer ses mensurations ! Ma cicatrice faisait 8 centimètres alors que le chirurgien a été obligé d’enlever tout le rein, la sienne faisait 30 centimètres alors qu’on ne lui a enlevé qu’une tumeur de 40 mm ! Pire, il a eu droit à deux redons, moi, un seul ! Le moment le plus horrible du séjour est l’ablation de ce drain ; si j’avais pu sauter au plafond ! Je pense que les techniciens de santé prescripteurs devraient subir un tel supplice avant de prescrire sans parade. Finalement, j’en ai déduit que j’avais choisi le « Bon » chirurgien, alors que l’autre n’avait pas eu toutes les informations nécessaires, mêmes les plus minimes mais peut-être les plus pertinentes sur le plan confort pour faire son choix !
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