DE NOTRE CORRESPONDANT
« Nous sommes tous catastrophés », s'exclame le Dr Luc Duquesnel, président de l'Adops (Association départementale pour l'organisation de la permanence des soins) de Mayenne, abasourdi par la décision du Fonds d'aide à la qualité des soins de ville (Faqsv) des Pays de la Loire de ne pas financer l'essentiel du projet de l'association sur la permanence des soins.
Deux semaines après avoir présenté ce texte à la commission du Faqsv, le Dr Duquesnel, par ailleurs président de la Csmf locale, ne décolère pas devant le refus qu'il a essuyé avec ses collègues. « Nous sommes l'un des départements les plus touchés par la crise de démographie médicale (1), nous présentons un dossier auquel adhèrent 95 % des médecins généralistes, appuyé par le Conseil de l'Ordre, l'assurance-maladie, les directions régionale et départementale de l'action sanitaire et sociale, l'Agence régionale de l'hospitalisation, et le président du Faqsv rejette la partie essentielle du projet. Personne ne comprend. »
« On ne nous aide pas ».
A commencer par le président de l'Union régionale des médecins libéraux (Urml), le Dr Jean-Gérald Bertet : « Je n'ai pas d'explications rationnelles à cette décision. C'est davantage syndical et politique, ce qui nous dépasse. En tout état de cause, le message est fort : on ne nous aide pas, en tout cas pas au-delà des discours que l'on entend sur ce qu'il faudrait faire pour soutenir la médecine rurale. C'est grave. »
Ce nouveau dispositif de permanence des soins devait être appliqué à partir du 2 janvier prochain. Mais, à ce jour, sa mise en œuvre est plus qu'incertaine si les choses restent en l'état. Si c'était le cas, le conseil d'administration de l'Adops a d'ores et déjà annoncé, dès le lendemain de la décision du Faqsv, qu'il démissionnerait en bloc.
Depuis mai 2003, c'est un système de gardes a minima qui fonctionne en Mayenne. Des astreintes limitées, de 20 heures à 23 heures en semaine, de 17 heures à 19 heures le samedi, de 10 heures à 12 heures et de 17 heures à 19 heures le dimanche. Et aucune régulation libérale. « Jusque-là, cette organisation est tolérée par le préfet. Mais elle n'est satisfaisante pour personne », explique le Dr Duquesnel. D'où le projet préparé depuis bientôt quatre ans, et qui a entraîné une forte implication des médecins libéraux. « A notre assemblée générale du 21 septembre dernier, nous étions encore 135 présents. C'est dire la préoccupation que cette question des gardes suscite chez mes confrères. Cent quatre-vingts des 200 médecins non exemptés de garde sont volontaires. »
Deux des trois axes proposés par les médecins ont été rejetés par le Faqsv des Pays de la Loire. Le financement de la régulation du samedi après-midi, de 12 heures à 20 heures, et qui est en dehors des heures de garde prévues par l'avenant conventionnel, a été refusé. Tout comme celui concernant le rôle qu'entend jouer l'association départementale dans la gestion, la coordination de la permanence des soins et la régulation. Seul dossier accepté par la commission du Faqsv : la régulation « déportée » (c'est-à-dire effectuée au domicile des médecins) sera financée, à hauteur de 56 000 euros, comme la formation des médecins et la mise en place technique de ce dispositif, pour 15 000 euros.
Dans ce contexte, le conseil général de Mayenne se dit prêt, selon le Dr Duquesnel, à mettre à la disposition de l'association du matériel informatique. La Ddass pourrait, elle, faire embaucher une secrétaire par l'hôpital de Laval qui travaillerait pour l'Adops. Mais, les médecins gardent l'espoir que le problème puisse être résolu à l'issue de la nouvelle réunion décidée par le Faqsv, pour aujourd'hui lundi 12 décembre. Sinon, prévient d'ores et déjà le président de l'Adops, « il ne faudra pas nous demander d'être volontaires. Déjà, les trois quarts des médecins qui cessent leur activité ici ne s'arrêtent pas pour prendre leur retraite, mais changent d'activité, déménagent ou sont en maladie... C'est le cas encore de deux confrères, ces quinze derniers jours ».
(1) Soixante-treize généralistes pour 100 000 habitants, face à une moyenne nationale de 103,8 - 55 % ont au moins 50 ans (voir « le Quotidien du Médecin » du 18 avril 2005).
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