Les élections régionales, qui auront lieu en décembre 2015, ne passionnent guère les Français, mais ils s’intéresseront peut-être au fait que, loin de mobiliser les partis dans le cadre d’une stratégie de conquête, elles font exploser les différences : les mélenchonistes y vont sans le PC, les écologistes se fragmentent sans que l’on puisse dire que leurs dissidents adhèreront au PS, les frondeurs du PS n’écoutent même plus Manuel Valls (à l’université d’été de la Rochelle, ils sont partis avant son discours qui, pourtant, a été un morceau de bravoure qui a trempé sa chemise), les ténors des Républicains avancent dans la dispersion la plus totale, et Marine Le Pen craint les prochains scandales que son père déclenche si fréquemment, avec une évidente délectation.
Tout irait bien cependant si nous avions le sentiment que nous sommes gouvernés d’une main ferme. Ce n’est pas vraiment le cas. On ne voit pas que le chef de l’État, en dehors des affaires extérieures, dont il s’occupe assez bien, ait autre chose en tête que les élections de 2017 pour lesquelles il semble avoir mis au point une stratégie contenant un vice de forme : il compte sur un rassemblement de la gauche au moment même où elle se désagrège. Ce ne sont pas les pieux appels du Premier ministre ou de Jean-Christophe Cambadélis au « rassemblement » qui vont permettre d’obtenir le silence dans les rangs. François Hollande ne peut compter que sur les socialistes réformistes, ceux qui ne voient pas le diable en Emmanuel Macron. Il peut récupérer une partie des écologistes, ceux qui ne supportent plus la dictature de Cécile Duflot (et qui ne croient pas d’ailleurs que les militants d’EELV représentent leur point de vue), peut-être quelques centristes, et encore : à ce jour, le chef de l’État n’a convaincu personne des bienfaits de sa politique économique, laquelle, si elle a un effet, c’est de renforcer la droite, au moins unie dans la critique du pouvoir.
On danse sur un volcan.
Cependant, la perspective des primaires à droite empêche provisoirement l’élaboration d’un programme commun aux Républicains et aux centristes. Si peu qu’elles se différencient, les idées d’un François Filllon ne sont pas nécessairement celles d’un Alain Juppé et encore moins celles d’un Nicolas Sarkozy. L’ancien président n’y peut rien : il a accepté le principe de la primaire sans lequel il y aurait plusieurs candidats à la présidence, qui est actuellement le seul ciment de son parti et sans lequel on assisterait à plusieurs candidatures indépendantes à droite, ce qui assurerait le triomphe de Marine Le Pen. On danse sur un volcan.
Mais le pire, c’est que l’immense gesticulation à laquelle conduit la préparation des élections sert de programme à tous. Peu importe que la critique du pouvoir ait atteint des sommets d’exagération, comme lorsqu’un Mélenchon, toujours déchaîné, traite dix fois Hollande de menteur dans un dscours : le vrai problème, c’est que, en dépit de ses assurances, le président cherche désespérément des suffrages, d’où l’annonce d’une nouvelle baisse de l’impôt sur le revenu, sans plus chercher à poursuivre le redressement de l’économie.
On nous annonce une loi Macron 2, comme si le seul nom du ministre de l’Économie équivalait à des réformes supplémentaires. Peut-être, mais dans quel climat, dans quellle direction, avec le soutien de qui ? Emmanuel Macron a montré la semaine dernière qu’il n’est pas qu’un réformateur jeune et dynamique : il continue à tenir un discours jugé provocateur par les « frondeurs », mais salutaire aux yeux de ceux qui souhaitent le redressement du pays. Jusqu’où Manuel Valls le soutiendra-t-il ? Comment une allusion à l’erreur historique que fut l’instauration de la semaine de 35 heures peut-elle encore déclencher un tel tollé à gauche ? Si on en est là, si on en est à dire qu’il n’est pas question de revenir sur ce magnifique acquis social, que peut-on espérer de l’action réformatrice de François Hollande dans les mois à venir ? On peut craindre que la baisse des impôts soit le seul argument électoral du pouvoir.
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