On le croyait immortel, et de fait, il l'était, depuis qu'il avait été admis en 1976, sous la coupole.
Maurice Rheims avait lâché le marteau pour la plume au début des années 1970, mais il était toujours présent sur le marché de l'art, contemplant de haut et avec amusement - un de ses mots préférés - la grande foire aux placements financiers qu'elle était devenue. Il en avait tiré « Apollon à Wall Street », un de ses nombreux ouvrages sur le monde de la curiosité - autre terme qui revenait souvent dans sa bouche - qu'il affectionnait.
Maurice Rheims, mort à 93 ans, était animé par l'amour de l'objet, dont il parlait avec humour et toujours « amusé ». Il avait l'art de raconter « leur vie étrange », pour reprendre le titre de son premier ouvrage de 1960. En ce temps-là, le commissaire-priseur et le collectionneur qu'il était surprenait son monde en ramassant aux Puces et dans les manettes de Drouot des vases de Gallé qui, à l'époque, semblaient totalement hideux et irrémédiablement démodés. Dix ans plus tard, certains d'entre eux valaient plusieurs centaines de milliers de francs.
Cet amoureux du beau n'était pas un érudit au sens docte du terme, mais il avait une immense culture, curieux de tout. Il savait aussi séduire son auditoire, qualité indispensable pour un commissaire priseur que de savoir manier le marteau et de susciter l'enchère. Parmi les 300 000 coups de marteaux qu'on lui attribue, le plus fameux fut celui qui, lors de la vente Cognacq le 14 mai 1952, propulsa « les Pommes » de Cézanne à 33 millions de francs (anciens bien sûr), record du monde et qui le resta plusieurs années. C'était au temps bien révolu où Paris régnait en maître absolu sur le marché de l'art.
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