Prévu à 186 milliards dans le projet de loi de Finances pour 2001, le déficit budgétaire atteindra 212 milliards, soit 26 milliards de plus, ou encore une hausse de 14 %.
Pas plus qu'il n'était responsable de la croissance de 1997 à 2000 inclus, le gouvernement n'est responsable de son ralentissement. Mais c'est le devoir de nos gouvernants d'adapter leurs dépenses à la conjoncture. Or, pour des raisons électorales, il n'en est rien. Le ministère de l'Economie et des Finances continue de nous présenter un projet de budget fondé sur une croissance d'au moins 2,3 %, alors que les prévisions les plus optimistes ne dépassent pas 1,5 %. Or ces prévisions elles-mêmes sont remises en question par la guerre en Afghanistan, le repli frileux des consommateurs inquiets de l'insécurité, et un avenir immédiat dont le moins que l'on puisse dire est qu'il est plus qu'incertain.
Ignorer ces signes avant-coureurs, c'est opposer une certitude, les dépenses que l'on va engager (et les largesses du gouvernement ne manquent pas, à commencer par une nouvelle prime à l'emploi qui sera payée avant les élections), à une incertitude : les recettes qui permettront de financer la générosité du pouvoir.
La vérité est pourtant simple : le ralentissement de la croissance a déjà diminué nos recettes de 26 milliards en 2001. Cela veut dire que, si nous avons pêché par optimisme quand tout allait bien, nous plongeons dans une béatitude coupable quand tout va mal, et que nous négligeons la chute inévitable des recettes à laquelle nous allons assister en 2002.
Les jeux sont truqués. Le Parlement va adopter un budget dont l'exécution sera démentie par la réalité économique. Entre-temps, le gouvernement fera tout pour tenir ses promesses, de l'APA (l'aide aux personnes âgées) aux 35 heures en passant par la prime pour l'emploi. Raison électorale oblige. Et nous nous retrouverons avec un déficit budgétaire aggravé en 2002, peut-être de l'ordre de 300 milliards.
Non seulement nous n'avons pas su limiter nos dépenses lorsque la croissance était forte, ce qui nous aurait permis de relancer l'économie en période de ralentissement, mais nous allons sciemment et, au mépris des chiffres les plus élémentaires, creuser le déficit, augmenter la dette nationale, recourir à l'emprunt, compromettre notre standing au sein de l'Europe, laquelle, il est vrai, est devenue une école de laxisme dès qu'elle a été confrontée au temps des vaches maigres. Mais est-ce que c'est une façon de gouverner ?
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