A Ramatuelle, lors de la neuvième université d'été de la CSMF (« le Quotidien » du 1er octobre), Jean-François Mattei a appelé à un « aggiornamento sur un certain nombre de sujets qui étaient considérés comme tabous (...) », dont la liberté d'installation. Certes, le gouvernement privilégie pour l'instant une « large panoplie de mesures incitatives » pour éviter que ne se constituent des déserts sanitaires à la faveur du départ à la retraite de nombreux médecins dans les années à venir : exonération de la taxe professionnelle pour les professionnels de santé qui s'installent ou se regroupent en zone de revitalisation rurale à compter du 1er janvier 2004, développement des cabinets secondaires, aide financière à l'investissement pendant cinq ans dans les secteurs sous-médicalisés pour l'installation d'un médecin ou le regroupement de plusieurs praticiens...
Mais la question de la « liberté totale d'exercice partout » des médecins est désormais ouvertement posée par Jean-François Mattei. « Nous ne pourrons pas nous affranchir d'une question essentielle : peut-il y avoir une totale liberté d'exercice partout sur le territoire, même dans les lieux où la surdensité médicale pose des problèmes aux médecins déjà installés ? Très franchement, je ne le crois pas et vous savez pourtant mon attachement aux principes de la médecine libérale ». Sur ce dossier délicat, le ministre ne veut pas « préjuger des solutions, qui devront être impérativement mûries dans une concertation effective ». Mais le débat sera bel et bien ouvert. « Même si nous augmentons considérablement le numerus clausus (...), nous ne garantirons plus ce qui est une valeur cruciale de notre système de protection sociale : un égal accès aux soins pour nos concitoyens », a averti le ministre de la Santé.
Il ne s'agit pas de pénaliser les médecins en exercice, ou sur le point de s'installer, mais plutôt, selon Jean-François Mattei, de « fixer un cap ». « Il faut des règles lisibles par ceux qui vont commencer aujourd'hui les études médicales », a-t-il précisé. La plupart des syndicats de médecins installés sont déjà sensibilisés au débat sur la liberté d'installation et ont entamé une réflexion. Mais c'est avec les organisations représentatives des internes et des étudiants en médecine que la discussion devrait être particulièrement âpre.
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