Le thème de l'euthanasie revient dans les colonnes des journaux. Après la mort choisie de Mireille Jospin (« le Quotidien » du 11 décembre), la supplique de Vincent, 21 ans, tétraplégique, aveugle et muet à la suite d'un accident de la route, relance le débat. « Vous avez le droit de grâce et, moi, je vous demande le droit de mourir », écrit ce jeune homme au président Chirac, en ajoutant : « Je pense que tout patient ayant parfaitement conscience est responsable de ses actes et a le droit de vouloir continuer à vivre ou mourir. »
Si la réponse du chef de l'Etat restera, en ce cas précis, « sans publicité », celle du ministre de la Santé, pour le cas général, n'a pas tardé. « De mon point de vue, il n'y a pas lieu de légiférer sur l'euthanasie quand l'urgence est de mieux répondre à la nécessité d'accompagner le départ », a déclaré le ministre de la Santé lors d'une journée consacrée aux soins palliatifs.
La difficulté du débat réside en ce que la question de l'euthanasie se trouve toujours liée à celle du développement des soins palliatifs dans des termes de choix. Comme si l'euthanasie était une réponse à défaut. « Il me semble, indique Jean-François Mattei, que la demande d'euthanasie n'est jamais que l'expression ultime et désespérée du refus de la souffrance, de l'abandon et de la solitude. Si notre société accordait toute leur importance à la prise en charge de la douleur, aux soins palliatifs et à l'accompagnement des mourants, nul doute que la demande d'euthanasie perdrait sa légitimité pour disparaître. »
Des recommandations de pratique clinique
Ainsi, le ministre de la Santé préfère insister sur les priorités du nouveau programme national 2002-2005 pour le développement des soins palliatifs. « Chaque département doit disposer d'une offre en soins palliatifs dans les quatre années qui viennent », a-t-il souligné. Des recommandations de pratique clinique sont, en outre, en cours de publication par l'ANAES et seront largement diffusées au début de l'année prochaine.
« Une société doit savoir s'interroger sur la manière dont elle considère la maladie et la mort, affirme le ministre de la Santé . Il est primordial de prendre le temps nécessaire pour que ce débat aborde l'ensemble des questions et permette de prendre en compte la diversité des situations relatives à la fin de vie. »
L'état des lieux
Un état des lieux de l'offre en matière de soins palliatifs en 2002 a été réalisé par la direction des Hôpitaux et de l'Organisation des soins auprès des agences régionales de l'hospitalisation. Il porte sur les quatre types d'organisation que sont les équipes mobiles de soins palliatifs (EMSP), les unités de soins palliatifs (USP), les lits identifiés et les réseaux de soins palliatifs. Les EMSP sont cette année au nombre de 291 contre 265 en 2001, soit une progression de 26 équipes. En revanche, 91 USP ont été répertoriées contre 92 en 2001. Les lits identifiés atteignent, en 2002, le nombre de 316 contre 232 l'année dernière. Enfin, il existe aujourd'hui 46 réseaux de soins contre 38 en 2001.
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