Recevant les hospitaliers les uns après les autres tout au long de la semaine dernière (« le Quotidien » du 6 juin), Jean-François Mattei les a surtout écoutés. Il a aussi esquissé quelques pistes pour son action future, donné des éléments de calendrier et chiffré ce que certaines mesures allaient coûter à l'Etat en euros sonnants et trébuchants. Tout cela, bien sûr, au cas où il conserverait son portefeuille après le 16 juin.
Rendez-vous ont été pris sur un certain nombre de dossiers, et en particulier ceux de l'équilibre budgétaire des hôpitaux publics, de la réduction du temps de travail (RTT) et de l'investissement hospitalier. Pour commencer, l'été devrait être consacré à l'examen de la situation financière des établissements et à une évaluation du « trou virtuel » qu'a fini par creuser dans les budgets la pratique de la cavalerie budgétaire (en fin d'année, les hôpitaux font peser certaines dépenses sur l'exercice de l'année suivante, en se livrant aux fameux « reports de charges »).
A la rentrée, ce sont les problèmes liés à la mise en uvre de la RTT des personnels et des médecins qui devraient être à l'ordre du jour. RTT à propos de laquelle le nouveau ministre de la Santé a tenu à remettre les pendules à l'heure en enterrant toute idée de « moratoire » et en préférant parler d' « aménagement » ou d' « assouplissement » de la loi ou des accords signés.
Agents et médecins attendent maintenant que les commissions de suivi de la RTT, toutes gelées depuis l'élection présidentielle, puissent se réunir à nouveau. De son côté, le ministre paraît de plus en plus convaincu de la nécessité d'imaginer de nouvelles solutions à la quadrature du cercle que représente la RTT des médecins et de certains personnels médicaux (infirmières et aides soignantes notamment). Ces professionnels n'étant pas aujourd'hui en nombre suffisant pour compenser le manque à gagner que représentent en temps les 35 heures, le ministre n'exclurait pas de recourir à des bonus financiers versés à ceux qui, par la force des choses, resteraient soumis à l'ancien régime horaire. Un système de « rachat » des jours de RTT serait ainsi instauré. Pour le plus long terme, Jean-François Mattei a indiqué aux syndicats médicaux qu'il considérait que les 3 500 postes prévus dans les textes pour accompagner la RTT des médecins lui paraissaient « un minimum ».
Indépendamment des 35 heures, et sur le seul plan de la démographie médicale hospitalière, le ministre, sans entrer dans les détails, semble partager l'analyse des professionnels et juger indispensable la revalorisation des carrières des médecins au sein de l'hôpital public.
Dernière action programmée pour 2002 : à la fin de l'année, le gouvernement devrait évaluer la situation de l'investissement hospitalier pour commencer, dès 2003, à redresser la barre dans ce domaine, grâce au plan de relance promis par le président de la République (6 milliards d'euros en cinq ans).
Volontiers flou, ne pouvant pas, il est vrai, prendre de décisions fermes avant les législatives, Jean-François Mattei n'a pas pour autant attendu le 16 juin pour faire ses comptes. Il a dressé d'ailleurs un tableau « plutôt dramatique », selon un syndicaliste, de la requête qu'il allait devoir faire rapidement à Bercy. Pour l'application de tous les protocoles signés ces derniers mois à l'hôpital (RTT et revalorisation des carrières des personnels, RTT et intégration de la garde dans le temps de travail des médecins), il lui faudra, dit-il, 3 milliards d'euros. Pour effacer les reports de charges des établissements - et donc rebaser les budgets de 2003 - et entamer le plan de relance de l'investissement : 3,5 milliards d'euros. Cette ardoise de 6,5 milliards d'euros agitée sous le nez des hospitaliers les inquiète. Ils se demandent en effet si le ministre n'est pas en train de préparer le terrain à d'éventuelles déceptions de l'après-second tour.
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